De la crèche à la Croix - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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De la crèche à la Croix

À qui sait regarder, l’ombre de la Croix plane déjà sur la grotte paisible de Bethléem.
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© Pascal Deloche / Godong

La venue de Dieu sur terre commence par ce terrible constat : « Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7). De même que le Bien-Aimé du Cantique des cantiques est introuvable dans les rues de la ville (Ct 2, 2), de même que Jésus sera crucifié en dehors de Jérusalem (Jn 19, 17), la Sainte Famille est d’abord refusée à toutes les portes, avant de trouver de la place dans la pauvre crèche de Bethléem. Marie dépose Jésus dans la mangeoire, tandis que l’âne et le bœuf soufflent sur lui pour le protéger de la froideur de la nuit. À peine né, Jésus reçoit ainsi « toutes les injures du temps, le froid et tout ce que son Père éternel permet de lui arriver » comme l’écrivait saint François de Sales. Comme au Calvaire, Jésus est nu, pauvre et sans défense. L’hymne pascal Crux fidelis, qui s’adresse à la Croix, pourrait s’adresser à la mangeoire en bois : « Relâche tes fibres tendues, fléchis cette rigidité rugueuse que t’a donnée la nature. Offre un soutien plus doux aux membres sacrés du Roi du ciel. »

Le Roi dans une mangeoire

Dans la mangeoire, loin du trône d’ivoire ouvragé de Salomon, les mages reconnaissent le Roi qu’ils étaient venus chercher. Sur la Croix, l’écriteau dit aux Juifs et aux nations la royauté de celui qui y est cloué. Comme Isaïe l’avait annoncé : « Un enfant nous est né, et un fils nous a été donné ; et sa principauté est sur son épaule » (9, 6). Invisible le soir de Noël, la marque de la Royauté de l’Enfant apparaît au Vendredi saint, quand les soldats lui ôtent ses habits et découvrent son épaule ensanglantée par le poids de la Croix.

Comme un agneau

L’Évangile ne mentionne pas de larmes de la Vierge Marie au soir de Noël. Mais elle devait avoir en tête la prophétie d’Isaïe : « Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous. Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir » (53, 6-8). Pourtant, comme l’écrivait Dom Guéranger, auteur de L’Année liturgique, elle « adore cet enfant divin qui lui sourit ; elle ose le presser contre son cœur ; elle l’enveloppe des langes qu’elle lui a préparés ; elle le couche dans la crèche ». L’Enfant-Jésus enveloppé dans des langes annonce déjà le suaire du Christ mis au sépulcre. C’est nu que Marie a offert son Fils au monde et nu que le monde le lui rendra, après l’avoir mis en Croix.