David, « le bien-aimé de Dieu » - France Catholique
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Le trésor des psaumes
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David, « le bien-aimé de Dieu »

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Le roi David, Psautier de Westminster, v. 1200, British Library, Londres.

David, « le bien-aimé de Dieu »

David, « le bien-aimé de Dieu »

L’une des figures les plus attachantes de la Bible, régnant sur Israël de 1 000 à 961 avant J.-C., est l’auteur de certains des plus beaux psaumes de l’Ancien Testament.
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Du roi David, l’histoire retient le poète et joueur de lyre, le chef de guerre qui conquiert Jérusalem, et celui qui reçoit la promesse divine d’une alliance indéfectible avec sa dynastie. Il est sans doute, avant tout, celui qui a noué une relation privilégiée avec Dieu car il se sait choisi, et il sait que le Seigneur le connaît mieux que lui-même : « Seigneur tu me sondes et me connais, Tu discernes de loin ma pensée » dit le psaume 138, qui lui est attribué. Ainsi s’établit une intimité dont résulte une destinée exceptionnelle. Toujours dans le psaume 138, David rend grâce : « C’est toi qui m’as tissé dans le sein de ma mère. Je te loue d’avoir fait de moi une telle merveille ; tes œuvres sont admirables et mon âme le sait très bien. »

Berger de Bethléem

Si David est plein de gratitude, c’est parce que sa vie commence de façon incroyable. Lui, le petit berger de Bethléem, le dernier des huit fils de Jessé, est désigné pour devenir roi d’Israël ! Le premier souverain, Saul, connaît la disgrâce de Dieu à cause de sa mauvaise conduite. Aussi le prophète Samuel raconte-t-il dans son premier Livre qu’il est envoyé sur les routes afin de trouver le nouvel élu, le « bien-aimé de Dieu », signification du prénom David en hébreu. Samuel doit respecter une consigne divine : « Ne pas considérer l’apparence et la haute taille […] car Dieu regarde le cœur. » Voilà donc les sept fils de Jessé tour à tour présentés au prophète, mais ce dernier demande à leur père : « Ne te reste-t-il pas un autre fils ? Va me le chercher. » Le huitième enfant de Jessé est encore un enfant, les cheveux blonds tirant sur le roux avec de grands yeux, qui garde les brebis. Quand il entre dans la maison, Samuel entend la voix de Dieu : « C’est lui ! » Sans attendre, le prophète prend une corne d’huile et lui donne l’onction au milieu de ses frères. La Bible rapporte que « l’Esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là ».

Couronné de gloire

Malgré son statut d’élu, sa vie ne fut pourtant pas toujours placée sous le sceau de la félicité divine. De nombreux psaumes (3, 5, 34) témoignent de la persécution de David par ses ennemis. Cependant, il fut très tôt couronné de gloire : son combat gagné contre le philistin Goliath, ennemi n° 1 d’Israël, lui ouvre une grande carrière de guerrier. Tout le pays le regarde tuer le géant, les chefs l’admirent pour son courage et le roi Saul lui donne sa fille en mariage après avoir vu le jeune homme jouer habilement de sa fronde, et se vanter de la protection divine : « Toute la terre saura qu’il y a un Dieu pour Israël » (Premier livre de Samuel, 46).

Cette éclatante victoire, qui fait de lui le héros de son peuple, a son revers : Saul se met à considérer sournoisement son gendre comme un rival. David doit s’enfuir dans le désert de Ziph, bientôt traqué par le roi et l’élite d’Israël composée de 3 000 hommes. Pourtant, dans ce combat démesuré, David prend l’avantage. Durant la nuit, il s’introduit dans le camp de Saul et trouve ce dernier endormi. Abishai, son aide de camp, l’incite à le tuer mais David épargne son ennemi. Pour autant, une longue lutte fratricide s’installe jusqu’à ce que David monte sur le trône. Dès lors, l’homme s’impose avec sa prestance, son charme de poète doué pour la musique. Il compose avec sa lyre les fameux psaumes où il confie à Dieu sa révolte, sa colère, mais aussi sa confiance et ses joies. 73 des 150 psaumes de l’Ancien Testament lui sont attribués.

Sur le trône d’Israël

À quoi songe David quand il monte sur le trône de la tribu de Juda à l’âge de 30 ans, puis sur le trône d’Israël sept ans plus tard ? Son âme loue l’action de Dieu dans le psaume 20 : « Seigneur, le roi se réjouit de ta force […]. Tu lui as accordé ce que son cœur désirait. » Après la conquête de la ville de Jérusalem, devenue la « cité de David », il organise le transfert de l’Arche d’alliance à Sion et c’est un roi David tout joyeux qui entre dans la ville, « dansant de toute sa force devant le Seigneur » et seulement « ceint d’un pagne de lin », raconte le deuxième livre de Samuel (6, 14) qui souligne que le souverain n’a cure de se montrer tournoyant à moitié nu devant ses serviteurs. Seule compte la certitude de savoir qu’il ne tient sa royauté que de Dieu et qu’il est comblé de bénédictions.

La contrition de David

Cependant, sa réputation va être entachée par un épisode peu glorieux. David tombe amoureux de la belle Bethsabée, l’épouse de son général d’origine hittite, Urie. Non seulement il profite de la jeune femme pendant que le mari est au combat, mais il demande en plus à ce qu’Urie soit placé en première ligne pour être sûr qu’il soit frappé et qu’il meure ! C’est ce qui adviendra mais cette piètre victoire va coûter cher au roi. Le fils né des amours interdites mourra à la naissance. David, effondré, ne cesse d’implorer le pardon de Dieu après avoir pris connaissance de son péché. C’est le prophète Nathan qui lui a ouvert les yeux en usant d’une métaphore. Il prend l’exemple d’un homme riche qui s’empare du seul bien d’un pauvre : une brebis, alors qu’il en possède en grand nombre. En entendant cette histoire, David éclate de colère et confie à Nathan : « L’homme qui a fait cela mérite la mort (…) pour avoir été sans pitié. » Le prophète lui réplique alors : « Tu es cet homme David ! Tu as frappé par l’épée Urie le hittite. Tu as pris sa femme pour en faire ta femme ». Puis Nathan rappelle au roi tout ce que le Seigneur a fait pour lui. « David dit à Nathan : « J’ai péché contre le Seigneur ». Et Nathan dit à David : « Le Seigneur a pardonné ton péché. Tu ne mourras point. Mais parce que tu as fait, par cette action, mépriser le Seigneur par ses ennemis, le fils qui t’est né mourra » » (Deuxième livre de Samuel, 12, 12-14).

Signe que la disgrâce divine est temporaire, Bethsabée donnera à David un autre enfant : le futur roi Salomon, qui construira le Temple de Jérusalem pour y installer l’Arche d’alliance.

Quand il verra venir la mort, après quarante ans de règne, en laissant un royaume prospère, le roi David convoquera son fils Salomon : « Je m’en vais par le chemin de tout le monde. Montre-toi fort et sois un homme ! » murmure-t-il (Premier livre des Rois, 2). De sa lignée royale naîtra Jésus, par son père adoptif Joseph. Le Christ est souvent nommé « Fils de David » dans les Évangiles pour rappeler la prophétie de Nathan à David dans le deuxième livre de Samuel (7-12) : « Celui qui sortira de tes entrailles […] c’est lui qui bâtira une maison à mon Nom. » Insigne récompense pour le roi David, considéré comme un messie – car il reçut l’onction de Dieu dans sa jeunesse – que de laisser entrevoir la venue d’un autre Messie, qui assurera au nom de Dieu la paix et la royauté, mais cette fois dans tout l’univers.