« Pour saint Bernard, la vie monastique accomplit l'idéal du chevalier » - France Catholique
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« Pour saint Bernard, la vie monastique accomplit l’idéal du chevalier »

Pour saint Bernard de Clairvaux, la vie monastique accomplit l’idéal du chevalier. Entretien avec Simon Icard, chercheur au CNRS, membre du Laboratoire d’études sur les monothéismes.
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Saint Bernard prêche la deuxième croisade à Vézelay en 1146, 1840, Émile Signol, Versailles.

Peut-on brosser un portrait spirituel de saint Bernard de Clairvaux ?

Simon Icard : Bernard de Clairvaux est avant tout un moine. Pour lui, la vie monastique réalise l’état apostolique. Le cloître, c’est Jérusalem. Aristocrate, il entre jeune à Cîteaux et se met corps et âme à l’école de son abbé. La vie monastique est pour lui l’aboutissement de l’idéal aristocratique. La christianisation de la chevalerie passe par le monastère.

Le moine serait donc un chevalier accompli…

En quelque sorte. Pour Bernard, la vie monastique accomplit l’idéal du chevalier. C’est d’ailleurs une idée importante à Cîteaux, dont les monastères n’accueillaient pas d’enfant, pas d’oblat. Tous les moines cisterciens étaient des adultes, ils avaient vécu avant de prononcer leurs vœux. Et beaucoup étaient d’anciens chevaliers. Dès qu’ils entrent au monastère, leur combat devient spirituel. N’oublions pas que Bernard a écrit l’Éloge de la nouvelle chevalerie à l’intention des Templiers, un ordre religieux et militaire qui venait d’être fondé par Hugues de Payns, en 1129.

Saint Bernard a même prêché la seconde croisade…

… qui fut d’ailleurs un échec total ! Il le fait à la demande du pape Eugène III. Sa prédication à Vézelay est perdue, mais il faut comprendre que Bernard avait une conception spirituelle de la croisade. Pour lui, partir à la croisade, c’était surtout mener un combat intérieur. Mais ce n’est pas ainsi que l’entendaient tous les croisés…

À l’époque, l’abbaye de Cluny, fondée au début du Xe siècle, étend son rayonnement en Europe. À quels besoins la fondation de Cîteaux répond-elle ?

Les cisterciens sont des bénédictins, comme les moines de Cluny dont Bernard critiquait le faste… non sans outrance. Cîteaux est donc une réforme de l’ordre bénédictin. Les cisterciens s’efforcent de respecter plus radicalement la Règle de saint Benoît. Ils sont notamment très attachés au travail manuel. Surtout, ils lisent cette Règle en s’inspirant des Pères du désert, ces moines d’Égypte et de Palestine que Jean Cassien (360-435) et la Règle bénédictine elle-même avaient présentés, dès l’Antiquité, comme des modèles de perfection monastique. Cet attrait pour le désert est une des raisons pour lesquelles les cisterciens fondaient leurs monastères dans des vallons isolés et incultes, comme Clairvaux. En défrichant ces terres, en les faisant fructifier, ils ont joué un rôle considérable dans le développement économique du XIIe siècle.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.