Croire, est-ce être crédule ? - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Croire, est-ce être crédule ?

© Pascal Deloche / Godong

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« La confiance : je ne vois pas mais je crois », fresque de l’église de Saint-Nicolas de Véroce, en Haute-Savoie.
© Pascal Deloche / Godong

Croire, est-ce être crédule ?

Être chrétien, c’est engager sa vie sur quelque chose qu’on ne peut démontrer absolument, une part de mystère. N’est-ce pas naïf ou même dangereux ?
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Si vous cherchez l’Évangile chez un bouquiniste, il y a fort à parier que vous le trouverez au rayon « religion-ésotérisme-occultisme », si ce n’est dans l’étagère « religions-mythologie-astrologie ». Ce classement si agaçant reflète fidèlement ce que beaucoup s’imaginent : toutes les croyances s’équivalent et communient dans l’irrationalité.

Que répondre à celui qui compare la foi chrétienne à la croyance aux extra-terrestres ? Ne sommes-nous pas naïfs de croire qu’un homme peut marcher sur l’eau ? Celui qui croit renonce-t-il à la rationalité ?

Qu’est-ce que croire ?

Beaucoup de confusions seraient peut-être dissipées si nous définissions plus clairement la croyance et son rapport à la raison. Croire n’est pas d’abord une attitude religieuse : c’est adhérer à quelque chose qu’on ne peut ni percevoir, ni démontrer. Ainsi défini, l’acte de croire n’est pas exceptionnel. C’est même le mouvement le plus naturel qui soit. Car dès que nous admettons quelque chose sans pouvoir l’établir nous-mêmes, nous croyons ! Et si l’on y réfléchit, la liste des choses que nous croyons sur la parole d’autrui est proprement infinie. L’immense majorité des faits que nous connaissons, nous l’avons apprise par ouï-dire. Et il en est de même de la plupart des choses que nous affirmons. Si on nous dit 2 + 2 = 4, nous le voyons, mais si on nous dit E = mc², nous le croyons – sauf si nous savons l’établir. C’est-à-dire que notre raison ne voit pas du tout d’où vient cette formule. Mais cette croyance est rationnelle : il serait par trop déraisonnable de douter d’une équation admise par les scientifiques et qui s’est révélée si féconde.

Croire peut être rationnel

Croire n’est donc pas toujours synonyme de naïveté ou de crédulité. Il n’y a crédulité que lorsqu’on croit sans motif vraiment rationnel : il est, en effet, irrationnel de se laisser convaincre sans de solides raisons. Mais, à l’inverse, il est tout aussi irrationnel d’être suspicieux au point de refuser de croire en des réalités fermement établies, comme l’existence de Socrate ou du Christ. Celui qui doute qu’on ait marché sur la lune n’est pas raisonnable. « Il faut savoir douter où il faut, assurer où il faut, en se soumettant où il faut » observait Pascal. L’attitude rationnelle sera donc d’éviter à la fois la crédulité et la méfiance excessive : « Et c’est ce qui fait tomber les hommes en deux égarements opposés ; dont l’un est de ceux qui croient trop légèrement sur les moindres bruits, et l’autre de ceux qui mettent ridiculement la force de l’esprit à ne pas croire les choses les mieux attestées. »

Ainsi, il peut être raisonnable de croire en des choses qui nous dépassent et même qui dépassent tout homme car « il n’y a rien de si conforme à la raison que ce désaveu de la raison » écrivait encore Pascal. La foi est une certitude qui porte sur des réalités inaccessibles et l’objet de la foi est proprement incroyable, c’est une folie aux yeux des hommes ! Mais le Seigneur donne de bonnes raisons de croire à cet incroyable.

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