Comment la Vierge Marie nous garde - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Comment la Vierge Marie nous garde

Depuis les premiers temps de l’Église, la Vierge Marie est apparue comme le secours des chrétiens. Comment expliquer cette confiance absolue dans la Mère de Dieu ? Méditation du R. P. Ambroise, prieur de l’abbaye bénédictine Sainte-Marie-de-la-Garde (Lot-et-Garonne)
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Image de la Sainte Vierge entourée d'anges

Quelle joie profonde de constater à quel point le peuple de Dieu a, depuis les temps les plus reculés, la conviction de pouvoir trouver en la Très Sainte Vierge Marie une protection toute spéciale ! Les titres « d’Avocate, d’Auxiliatrice, de Secourable et de Médiatrice » (Concile Vatican II, Lumen gentium) par lesquels il l’invoque, sont en effet autant d’expressions de cette conviction. Et il sait pouvoir se tourner vers elle avec d’autant plus d’assurance que son expérience constante, si bien exprimée par saint Bernard dans sa prière Souvenez-nous, est « qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à [sa] protection, imploré [son] assistance ou réclamé [son] secours, ait été abandonné ».

D’où vient donc une telle sollicitude de Marie pour nous ? Tout simplement du fait qu’elle est notre Mère ! En coopérant d’une façon unique auprès de son Fils à l’œuvre de notre Rédemption, Marie a en effet acquis sur nous cette maternité dans l’ordre de la grâce. Dès lors, continue Lumen gentium, « son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse ». Assurés de son indéfectible protection maternelle, voyons de quelle manière Marie exerce celle-ci envers nous.

L’intercession de la Vierge

Marie nous protège bien sûr avant tout par sa prière d’intercession. C’est lors de la scène évangélique des noces de Cana que cet aspect de sa mission envers nous s’est manifesté pour la première fois. Sa parole à son Fils Jésus, en apparence si banale, « Ils n’ont plus de vin » (Jn 2, 3), révèle en réalité un mystère très profond, explicité dans Lumen gentium : « Toute [sa] sollicitude pour les hommes, le fait qu’elle va au-devant de toute la gamme de leurs besoins et de leurs nécessités. » Depuis lors, sa mission d’intercession ne cesse de se poursuivre : « Après son Assomption au ciel, son rôle dans le Salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel », rappelle saint Jean-Paul II dans l’encyclique Redemptoris Mater. En l’occurrence, le fait que cette Mère qui intercède pour nous soit la Très Sainte Vierge Marie, confère à cette intercession deux caractéristiques qui la rendent particulièrement précieuse : son à-propos et son efficacité. Par sa compréhension si profonde du dessein divin rédempteur, Marie est en effet très à même de juger de ce dont nous avons besoin, et ne saurait donc adresser à Dieu des demandes qui ne seraient pas parfaitement légitimes et ajustées. De plus, ajoutons à cela sa sainteté personnelle – les Pères orientaux appellent Marie « la Toute-Sainte », « Panaghia » –, et nous comprendrons aisément pourquoi son crédit sur le Cœur de Dieu est illimité : ce qu’elle lui demande pour nous, Marie l’obtient toujours !

Conduire à Jésus

Un autre aspect de la protection de Marie consiste à nous conduire à son Fils Jésus. N’oublions pas que l’une des plus belles vertus de notre Mère du Ciel est l’humilité. Totalement centrée sur Dieu, et donc oublieuse d’elle-même, Marie est incapable de retenir avidement à elle quoi que ce soit : ni les louanges et encore moins les personnes… Elle sait mieux que quiconque que Notre-Seigneur Jésus est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes, et que « le Salut n’est en aucun autre » (Ac 4, 12). Ainsi, loin de concurrencer et de diminuer l’unique médiation de son Fils, tout son rôle maternel envers nous consiste au contraire à la favoriser. Cet aspect de sa mission était lui aussi très bien préfiguré aux noces de Cana, lorsque s’adressant aux serviteurs, elle leur dit : « Faites tout ce qu’il [Jésus] vous dira » (Jn 4, 5). Toute sa joie est de nous montrer Jésus et de nous conduire à lui, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), afin de nous aider, comme l’expliquait encore le pape polonais, « à trouver dans le Christ la route qui conduit à la maison du Père ».

Enfin, notre Mère du Ciel nous protège en nous rappelant par l’exemple de sa vie ce qu’est le cœur de la vie chrétienne : une vie profonde d’union à Jésus sous l’influx des vertus théologales. Modèle achevé en cette matière, Marie constitue pour nous un repère incontournable et un magnifique encouragement. Pensons seulement à son attitude du Vendredi saint où, après le drame de la mort de Jésus, elle « reste seule à garder vivante la flamme de la foi, se préparant à accueillir l’annonce joyeuse et surprenante de la résurrection », selon les mots de Jean-Paul II lors de l’audience générale du 21 mai 1997. À cette heure-là, Marie fut la seule parmi tous les disciples du Christ à conserver une foi intègre, une espérance ferme et une charité authentique. Elle nous enseigne ainsi combien le christianisme est avant tout la religion de l’espérance et de la joie : espérance indéfectible dans les promesses de Dieu et la puissance de sa grâce, et joie de la Rédemption.

L’exemple de Lépante

Sa protection, Marie nous la manifeste parfois de façon spéciale au cours de l’histoire. Citons, parmi bien des exemples, la victoire de Lépante, le 7 octobre 1571, dont saint Pie V ne cacha point qu’il l’attribuait à son intercession ; le « miracle de la Marne », entre le 6 et le 12 septembre 1914, qui brisa l’offensive allemande aux portes de Paris ; les apparitions de L’Île-Bouchard, du 8 au 14 décembre 1947, qui sauvèrent la France d’une guerre civile imminente. Pensons aussi à ces nombreuses apparitions dans le monde – celles reconnues par l’Église –, où Marie nous redonne avec force, parfois même avec ses larmes, comme lors des apparitions du Laus, au fond toujours le même message : l’amour infini de Dieu pour nous, et l’urgence de le prendre au sérieux et d’y répondre…

Soyons bien conscients que la protection maternelle de Marie est justement l’un des plus beaux cadeaux que nous offre la divine Providence ici-bas pour nous aider à répondre à cet amour de Dieu. Remercions donc souvent Marie de son zèle maternel à notre égard et ayons-y recours autant que nécessaire. Ainsi, après avoir vécu le grand passage de la mort, moment à confier entre tous à sa vigilante protection, nous pourrons enfin mesurer pleinement combien cette dernière aura été douce et puissante tout au long de notre vie, et en rendre grâce à Dieu pour l’éternité !