Ces familles qui sauvent des églises - France Catholique
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Toutes les religions se valent-elles ?
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Ces familles qui sauvent des églises

S’inscrivant patiemment dans les pas de ceux qui ont rebâti la chrétienté, pierre par pierre, elles persévèrent, confiant leur ouvrage dans la prière.
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Le chantier de l’église de Meissein, en Meurthe-et-Moselle.

Le chantier de l’église de Meissein, en Meurthe-et-Moselle.

«C’était comme si le monde entier se libérait […] et se revêtait d’un blanc manteau d’églises. Presque toutes les églises épiscopales et celles de monastères dédiées aux divers saints, mais aussi les petits oratoires des villages, étaient rebâtis mieux qu’avant par les fidèles. » Cette célèbre citation du moine Raoul Glaber (XIe siècle) pourrait rendre nostalgiques tous ceux que l’actualité attriste : églises et cathédrales incendiées, patrimoine religieux délaissé, réaffecté, voire rasé… Pourtant, demeurent toujours des raisons d’espérer. Car un peu partout en France des familles se mobilisent et donnent sans compter pour défricher, nettoyer, sauver ce qui est sur le point de tomber.

Abbaye Sainte-Marie à Longues-sur-Mer (14), chapelle Notre-Dame d’Andelot à Vensat (63), église Saint-Laurent des Senades aux Islettes (55), chapelle Saint-Joseph de Molières à Chemazé (53), Logis-Halle du Prieuré de Mayanne à Dangeul (72), chapelle funéraire du cimetière de Vertrieu (38), chapelle templière de Francheville à Brécy dans le Cher (18)… Cette liste non exhaustive témoigne des nombreux et beaux projets accompagnés en France par la Fondation du Patrimoine. Partout, c’est peu ou prou la même histoire : humidité, délabrement quand ce n’est pas affaissement, mais inépuisable volonté de faire revivre le lieu spirituellement.

« Plus c’est beau, et plus les gens sentent que Dieu y est présent »

« Une église en ruine, c’est un très mauvais témoignage. Nous devons honorer Dieu et faire en sorte que les lieux de culte soient entretenus. Plus c’est beau, il y a des fleurs et l’on vient y prier, plus les gens sentent que Dieu est présent », témoigne Claudia Mestelan. Avec son mari, elle a passé huit ans à réveiller une vieille chapelle endormie sous les ronces depuis plusieurs siècles. Une restauration qui allait « bouleverser notre existence, mobiliser notre temps et nos forces, engloutir nos faibles ressources et même, engager notre santé ». Claudia raconte qu’ils avaient installé un petit oratoire à saint Joseph et le priaient avec insistance quand ils manquaient de moyens. Assistés par la Providence, aidés de compagnons et scouts de passage, ils ont ainsi rebâti la chapelle Saint-Hilaire, non loin de l’abbaye du Barroux, dans le Vaucluse. À l’issue de ce chantier, Mgr Cattenoz, alors archevêque d’Avignon, leur a demandé de consacrer ce lieu à la dévotion au Sacré-Cœur. Ainsi, ce chantier a permis que chaque premier vendredi du mois depuis 2019, y soit célébrée la messe en l’honneur du Sacré-Cœur.

Même réveil spirituel à Messein, en Meurthe-et-Moselle. Jean-Louis et Marie-Lorraine se préparent à l’arrivée de leur premier bébé. Ils vont à la messe à quelques kilomètres, puisque l’église en face de chez eux est toujours fermée. Pire, le maire évoquait l’idée de la raser pour créer une place. « L’intention n’était pas mauvaise, mais on ne détruit pas une église pour cela », relate Marie-Lorraine, remettant ainsi l’église au centre du village. Alors vient au couple cette idée folle de restaurer l’église menacée.
« Au début, nous pensions qu’il faudrait seulement passer un petit coup de balai et ça irait ! » se souvient Marie-Lorraine, évoquant les boiseries pourries, les morceaux de plâtre tombés, le plafond noirci, et surtout, ces 4 m3 de fientes de pigeons ayant élu domicile dans le clocher. Le curé les soutient, mais il faut l’aval de la mairie, propriétaire du lieu. Contre toute attente, non seulement l’édile accepte, mais il leur annonce « un budget illimité » !

Des messes à nouveau célébrées

Enthousiaste, le couple hésite à faire appel à des artisans : « Cela aurait été bien fait, mais il aurait fallu attendre cinq ans, alors que nous avions le projet d’y faire baptiser notre bébé. » Qu’à cela ne tienne, jusqu’à la veille de son accouchement, Marie-Lorraine a les bras en l’air un pinceau en main. La famille vient prêter main-forte, des voisins également. « Un moment, nous nous sommes demandé dans quoi on s’était lancé mais, sans cela, l’église serait tombée en ruines », raconte la jeune maman. L’enfant a pu être baptisé dans l’église fraîchement restaurée, et les messes à nouveau célébrées.

« Grâce à cette rénovation, un couple du village marié civilement a choisi de s’y marier religieusement et d’y faire baptiser aussi son enfant. Des personnes âgées qui ne pouvaient plus se déplacer ont pu assister à la messe dans cette église. Et le menuisier qui a restauré toutes les boiseries y a célébré son anniversaire de mariage » se réjouit Marie-Lorraine. Elle et son époux sont devenus les sacristains et sont fiers d’avoir fait revivre ce lieu. « Spirituellement, ça nous porte. Souvent, on vient y prier, nous n’avons qu’à traverser la rue ! »

Sur les hauteurs de Château-Gontier en Mayenne, une chapelle veille sur la ville (cf. FC n° 3865). Sur son clocher, une statue en fonte de saint Joseph. Acquise pour un euro symbolique auprès du diocèse par la famille Guillier, elle ne bénéficie d’aucune aide pour son entretien. « Notre famille voue une grande dévotion à saint Joseph, et notre objectif est de restaurer cette dévotion en préservant ce précieux trésor. Mon oncle s’est lancé dans la restauration car c’était un devoir pour lui. Il s’y connaît en bâtiment et était persuadé que la Sainte Famille l’aiderait à restaurer cette chapelle », confie Pierre-Henri Guillier. Aujourd’hui restaurée, la chapelle accueille des pèlerinages de pères et mères de famille, d’écoles, et d’associations. Y sont organisés des chapelets, adorations, événements scouts, ou concerts.

Des témoignages édifiants prouvant que la France catholique n’a pas dit son dernier mot.

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