Carême : un temps de pénitence publique ? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Carême : un temps de pénitence publique ?

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© Philippe Lissac / Godong

À Lourdes, quelques jours après la première apparition du 11 février, la même demande a été faite, à trois reprises, par la Vierge Marie à Bernadette : « Pénitence, pénitence, pénitence ! » Ce à quoi Notre-Dame ajoute, dans une époque marquée par l’athéisme : « Priez Dieu pour les pécheurs ! » Il s’agit donc d’une mission de service public…

Plus de 160 ans plus tard, la pénitence n’a pas vraiment bonne presse dans notre société de jouissance matérielle. Elle évoque une dévotion d’un autre âge, une religion qui insiste sur la culpabilité. Comment croire pourtant qu’il s’agisse d’un plaisir sado-masochiste dans cette demande d’une Mère compatissante aux malheurs de son peuple ?

Lors de l’imposition des Cendres, le 14 février, le prêtre prononcera ces mots : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile », ou bien : « Souviens-toi que tu es poussière… » Dans les deux cas, il s’agit du rappel de notre condition de pauvres pécheurs, que seule la Passion du Christ pourra sauver de l’éloignement définitif de Dieu. Pourquoi ne pas entendre cet appel du divin médecin de nos âmes, le Christ, à reconnaître notre mal, à se tourner vers sa miséricorde, et à l’implorer également pour notre pays tout entier ?

Pénitence ou repentance ?

« Au Cœur très saint de Jésus, la France pénitente, fervente et reconnaissante. » Cette inscription figure en latin au bas de la mosaïque monumentale de la basilique de Montmartre, déclarée d’utilité publique par une loi du 24 juillet 1873. Elle exprime bien les sentiments des promoteurs du Vœu national, au vu des malheurs de la France après la défaite de 1870 : un esprit de pénitence et de foi qui demande à Dieu le pardon des péchés – alors que la repentance n’est qu’un acte de reconnaissance morale. C’est le même esprit que le prophète Jonas prêcha à la ville corrompue de Ninive. Et Ninive s’est convertie… Une source d’espoir pour aujourd’hui ?

Ce Carême 2024 est ainsi l’occasion de s’interroger sur la place que nous laissons à Dieu dans la société tout entière. Car ne pas vouloir que le Christ règne, non seulement sur les cœurs, mais aussi sur les familles et les sociétés, c’est laisser la place à l’erreur, à la corruption et aux désordres – et en fin de compte au démon – dont nous constatons chaque jour les méfaits dans l’actualité, en particulier au sein des institutions qui font tenir un pays.

Quand la France s’apprête à légiférer sur le début et la fin de vie et étendre le règne de la mort et du mal sur les esprits, comment se fait-il que la parole des clercs sur ce point ne soit pas plus tranchante sur ce qui départage l’erreur de la vérité ? Là se trouve aussi la mission de l’Église. Elle est politique au sens noble du terme. « Je suis homme, dit le poète latin Terence, et rien de ce qui est homme ne m’est étranger. » Cette parole s’applique au vaste domaine public, le plus haut lieu d’exercice de la charité selon Paul VI.

Dans son Message de Carême, le pape François indique justement que les Dix commandements, donnés à Moïse au désert sur le mont Sinaï, sont une loi de liberté pour sortir de l’esclavage de l’Égypte : « Nous les appelons « commandements », pour souligner la force de l’amour avec lequel Dieu éduque son peuple. Il s’agit en effet d’un appel vigoureux à la liberté. » Et à l’amour vrai. Puisse cet appel retentir de nouveau.