Le cardinal Consalvi, « plus grand secrétaire d’État de l’histoire » - France Catholique
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Le cardinal Consalvi, « plus grand secrétaire d’État de l’histoire »

Secrétaire d’État du Saint-Siège sous Pie VII, le cardinal Consalvi (1757-1824) est mort il y a 200 ans. Un colloque lui a été consacré à Rome en janvier et les éditions du Cerf publient ses Mémoires. Mgr Bernard Ardura, qui en a assuré la traduction et l’édition, revient sur cette figure exceptionnelle.
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Cardinal Consalvi, 1819, Thomas Lawrence, Royal Collection, château de Windsor, Royaume-Uni.

On parle souvent du cardinal Consalvi comme du « plus grand secrétaire d’État de l’histoire ». Pourquoi ?

Mgr Bernard Ardura : Parce qu’il a été confronté à des événements d’une ampleur qu’aucun autre n’a connue, à commencer par l’invasion de Rome et des États pontificaux par les armées révolutionnaires, en 1798 ! Le cardinal se retrouve véritablement mêlé à la « grande histoire » à partir de 1800 et du conclave de Venise, dont il est le secrétaire, et qui aboutit à l’élection de Pie VII. De retour à Rome, il doit faire face à des difficultés colossales. Pour faire barrage aux volontés que Napoléon entend imposer, il ne recule devant rien. À chaque occasion, il va trouver des solutions, au prix même de sa propre sécurité. La négociation du Concordat en 1801, dont il est le principal artisan, est un chef-d’œuvre diplomatique. Bonaparte va céder à toutes ses exigences – même s’il se dédira par la suite en imposant des articles organiques qui vont limiter ses effets.

Consalvi révèle aussi ses qualités diplomatiques lorsqu’il convainc Pie VII de refuser d’appliquer le blocus continental décidé par Napoléon pour asphyxier l’Angleterre, au nom de l’indispensable neutralité du Saint-Siège. Lors du congrès de Vienne, en 1814-1815, le représentant de la couronne britannique dira de lui : « Il est notre maître à tous » ! De fait, il y obtiendra la restitution complète des États pontificaux, à l’exception d’Avignon et du Comtat Venaissin.

Pour résumer sa diplomatie, vous utilisez la formule du Guépard : « Il faut que tout change pour que rien ne change »…

Le cardinal Consalvi, en effet, est prêt à négocier et à réformer sur de très nombreux points, à condition de ne pas toucher aux dimensions intangibles de l’Église. Il fait partie des rares esprits de son temps qui ont compris qu’après la Révolution française, plus rien ne pouvait être comme avant. Les États pontificaux envahis, Pie VI envoyé en exil et mort à Valence en 1799, les lois révolutionnaires qui s’imposent dans les États pontificaux… Le choc est stupéfiant !

Lorsque son successeur, Pie VII, peut revenir à Rome en 1800, nombreux sont ceux qui veulent restaurer l’organisation d’antan. Consalvi s’y oppose : il est persuadé que la réforme est la condition de la pérennité. Il préconise ainsi de solliciter la noblesse romaine pour lui confier des charges autrefois dévolues aux clercs, comme la surintendance des spectacles. Il entreprend aussi une profonde réforme financière pour mettre fin à une série d’abus, et il promeut le libre commerce qui se substitue au régime de subventions qui vidaient les caisses pontificales. Mais il y a deux points sur lesquels il ne transige pas : la figure du pape, sommet intouchable de la pyramide qui structure l’Église, et la souveraineté des États pontificaux, qui assurent la neutralité du pape et son indépendance.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.