Bourges, « la plus belle cité des Gaules » - France Catholique
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Bourges, « la plus belle cité des Gaules »

César avait raison : tout est beau à Bourges. À commencer par la cathédrale, l’une des plus grandes réussites de l’art gothique.
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La cathédrale Saint-Étienne de Bourges. © Gerd Eichmann / CC by-sa

Par l’autoroute, Bourges apparaît au milieu de « la champagne berrichonne », derrière les grandes usines des sirops Monin qui exportent leurs breuvages dans les bars des grands hôtels du monde entier. La cathédrale Saint-Étienne détache son imposante silhouette sur la plaine céréalière.

En arrivant par le train, après avoir traversé l’étonnant jardin des Prés-Fichaux à l’architecture paysagère Art déco, au pied de la vieille ville, les marais de Bourges plongent le visiteur dans une autre temporalité : le promeneur croirait croiser sur l’eau, ou dans l’un des jardins maraîchers de ces 135 hectares de nature, Jacques Villeret ou André Dussollier pêchant à la mouche.

Le sourire de l’archange

À la sortie des marais, l’une des rues étroites du vieux centre mène au sommet de l’ancien oppidum gaulois sur lequel trône Saint-Étienne. C’est la façade occidentale qui apparaît tout d’un coup à la sortie d’une ruelle, et il faut prendre un peu de recul pour apprécier l’extraordinaire beauté de ces cinq portails sculptés dans la plus belle facture gothique. La douceur du sourire de l’archange saint Michel – qui n’a rien à envier à son confrère rémois – pesant les âmes, et les bras ouverts du Christ en gloire invitent à entrer sans crainte dans l’église.

À l’intérieur, le souffle est coupé par l’ampleur de l’édifice. Aux cinq portails répondent cinq nefs et l’absence de transept permet une circulation étonnante et mystérieuse de la lumière. Saint-Étienne, construite au début du XIIIe siècle, est l’une des plus belles réussites de cet art français né quelques décennies auparavant dans le chœur de Saint-Denis.

Du jardin de l’archevêché, la cathédrale s’apparente à un immense vaisseau de pierres, à la mesure d’une ville qui, au Moyen Âge, avait une place première dans le royaume de France. Dans l’édifice précédent, dont on imagine la magnifique architecture romane, Pierre L’Ermite rallia le peuple à la première croisade au cri de « Dieu le veut ». Et Louis VII y a été sacré une seconde fois, en présence de son épouse, Aliénor d’Aquitaine, quelques décennies plus tard. L’évêque initiateur de la nouvelle cathédrale n’était autre qu’Henri de Sully, frère d’Eudes qui, à la même période, continuait celle de Paris. Primat d’Aquitaine, l’archevêque de Bourges régnait sur une immense province ecclésiastique. Capitale des arts sous le duc Jean de Berry, Bourges accueille le roi Charles VII quand le reste du royaume de France n’en veut plus.

Le palais de Jacques Cœur

À Bourges, connue dès l’Antiquité sous le nom d’Avaricum, cité majeure du peuple gaulois des Bituriges, tout est beau. Le mot de César dans La Guerre des Gaules – « Avaricum, la plus belle cité des Gaules » – résonne encore avec justesse. Le dédale des rues, les maisons à pans de bois, les églises Saint-Pierre, Notre-Dame ou Saint-Bonnet sont un ravissement pour le promeneur. L’extraordinaire Grand’ maison – palais – de l’argentier du roi Charles VII, Jacques Cœur, premier créateur français d’une multinationale, est une invitation architecturale au voyage. Le grand argentier et son épouse, Macée de Léodepart, vous accueillent postés dans la pierre pour l’éternité, sur le rebord de leur fenêtre.

La ville est calme, trop calme pour certains, à l’exception des quelques jours du printemps où la musique envahit les rues. Bourges n’échappe pas aux maux de l’immigration et de la désindustrialisation mais elle est trop belle pour se laisser mourir. Première communauté chrétienne de Gaule, elle doit plonger dans ses racines pour sortir de l’hiver. 

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