Au Québec, « une Révolution sans martyr » - France Catholique
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Le Liban chrétien
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Au Québec, « une Révolution sans martyr »

Supérieur de la Fraternité de la Très-Sainte-Vierge-Marie, qui projette de fonder une communauté au Québec, le Frère Patrice-Marie analyse les origines de sa déchristianisation.
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© Nour Abiad / Pixabay

«L’Église au Québec est dans un état de plus grand effondrement encore qu’en France, où règne pourtant le laïcisme. Sans doute parce que la Révolution française, qui a été la première vraie atteinte en France contre l’Église, s’est faite dans le sang, donnant naissance à des martyrs catholiques qui ont poussé l’héroïsme jusqu’à donner leur vie pour leur foi. Ce sang a marqué profondément la génération suivante, au point que nous n’avons jamais eu autant de saints en France qu’au XIXe siècle ! En particulier des saints qui se sont illustrés dans la vie sociale : hôpitaux, assistance aux pauvres, écoles… Cette œuvre sociale s’est faite au nom de la foi.

Or la « Révolution tranquille » canadienne a été une révolution sans martyr. La population québécoise s’était habituée à recevoir de l’Église non seulement les sacrements, mais aussi la vie sociale. Or, dans leur cœur, cette vie sociale leur suffisait, ce dont l’Église ne s’était pas rendu compte. Aussi, les chrétiens se sont trouvés dépourvus devant la reprise en main par l’État de ces fonctions sociales et n’ont plus compris ce qui les liait à l’Église. Aujourd’hui, le vide à combler est celui de la vocation à la sainteté et de la vie intérieure.

Et il reste une question : comment attirer les jeunes, notamment, qui ont soif de réponses ? Beaucoup d’entre eux sollicitent les jeunes prêtres, mais ces derniers sont débordés. Alors, une partie de la jeunesse décide de se former par elle-même, en lisant les écrits du Magistère, des vies de saints, avant de transmettre à ses amis ce qu’elle a appris. Mais elle reste en attente non pas d’une doctrine pure, mais bien vécue. Cela passe par une disponibilité des pasteurs pour répondre à leurs questionnements, et une vie intérieure où la liturgie, soignée, est placée au centre afin de transformer l’amitié qui les lie en vie fraternelle. C’est la raison pour laquelle nous avons le projet de nous installer au Québec, en accord avec l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine.

La dévotion mariale jouera sans aucun doute un grand rôle dans cette entreprise. Car Marie est notre Mère, comme le Christ l’a enseigné sur la Croix. Et ce rôle est encore plus visible quand l’Église souffre. On le voit dans le cœur des jeunes. En quelque sorte, Marie pallie le manque de prêtres. »