Assise, un « pont entre la France et Rome » - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Assise, un « pont entre la France et Rome »

Depuis plus de 110 ans, une communauté de clarisses venue de France vit dans les pas de saint François et de sainte Claire, sur les hauteurs de la ville d’Ombrie.
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© Monastère Sainte-Colette

Il est presque 9 heures ce samedi 14 septembre lorsque les cloches du monastère Sainte-Colette, sur les hauteurs d’Assise, appellent à la messe. La petite chapelle est exceptionnellement bondée : la jeune Sœur Marie-Colombe professe ses vœux temporaires. De toute la France, sa famille a fait le déplacement jusqu’à Assise, dans cette chapelle où les offices sont chantés en français.

« On dit que, lorsque saint François était heureux, il louait le Seigneur en français », explique Sœur Thérèse-Myriam, Mère abbesse de la communauté. Louer en français, telle est la mission donnée par l’évêque d’Assise en 1908 aux religieuses clarisses françaises. Venues de Paray-le-Monial, et fuyant les risques d’expulsion du début du XXe siècle, elles s’installent dans un petit havre de paix, à l’entrée de la ville de saint François et de sainte Claire.

« Chercheurs de vérité »

Les Françaises apportent alors un retour aux sources de la spiritualité clarisse. En effet, les clarisses italiennes suivaient alors la règle d’Urbain IV établie au XIIIe siècle, sans pratiquer la pauvreté voulue par les deux saints.

Haut lieu de pèlerinage, Assise attire des millions de visiteurs chaque année. Tous sont fascinés par les riches peintures de Giotto dans la basilique Saint-François, par le dépouillement de la grotte de l’ermite, en haut de la colline, ou par la simplicité de Carlo Acutis, dont le corps est exposé dans une petite église cachée dans les rues étroites de la ville, le sanctuaire de la Spoliation. « Assise est vraiment un lieu de passage, un “parvis des gentils”, comme l’a dit Benoît XVI en parlant de tous les chercheurs de vérité », rappelle Sœur Thérèse-Myriam. Pèlerins ou simples touristes, ces « chercheurs de vérité » viennent souvent solliciter l’aide des clarisses. Le monastère a d’abord accueilli les séminaristes français de Rome, qui logeaient dans une grange. Désormais, une quarantaine de places accueillent les hôtes du monastère. Certains y cherchent juste un hébergement, d’autres font un véritable pèlerinage sur les traces des deux saints d’Assise.

S’inspirant de la spiritualité de saint François, les religieuses proposent aussi des retraites à destination des jeunes. Elles tiennent à répondre à la soif d’intériorité qu’elles constatent chez ceux qui passent dans leur monastère. À l’image de saint François qui, dépassant sa répugnance pour le lépreux, lui donne une aumône, « il ne faut pas craindre le lépreux en nous, pour accéder à ce qui est plus profond », dit la Mère abbesse. Pour elle, « le charisme de François et Claire est très dynamique depuis 800 ans. C’est assez étonnant de voir comment, au contact des nouvelles questions, ils apportent de nouvelles réponses ». Par exemple, fin décembre, les religieuses proposeront aux jeunes femmes de venir réfléchir quelques jours sur la féminité à travers les mots de saint François et son Cantique des créatures. L’été, des propositions de bénévolat offrent la possibilité de faire une véritable pause spirituelle dans la ville du Poverello. Les volontaires peuvent s’adonner au jardinage, rendre divers services à la communauté ou se perdre dans les étroites rues de la ville.

En effet, loin de la tradition bénédictine qui veut que les monastères soient éloignés des villes, le monastère Sainte-Colette est implanté au cœur d’Assise, comme un témoignage de la vie franciscaine, un pied dans le monde auprès des visiteurs et un autre dans le monde cloîtré. « À Assise, on est un peu un pont entre la France et Rome. Parce que Rome peut impressionner. Ici, François ne fait peur à personne. Alors, notre mission, c’est de dire qu’il n’y a pas François sans Jésus, et il n’y a pas Jésus sans l’Église », poursuit l’abbesse.

Jeunesses franciscaines

Fière de sa spécificité francophone, la communauté garde un visage divers avec des Sœurs françaises mais aussi une Italienne, une Gabonaise et deux Congolaises. Parmi les hôtes, de nombreux Français, touchés par la vie de prière des Sœurs, ou par Assise, où l’on croit rencontrer saint François à chaque coin de rue. Une association de soutien a même récemment été mise sur pied pour soutenir les religieuses sur un plan logistique et organisationnel.

« Contrairement à un monastère en France, notre rayonnement est international et assez peu local. Donc, nous avons besoin d’aide pour animer le réseau des amis de la communauté, qui veulent garder un lien avec nous », précise Sœur Thérèse-Myriam.

Elle-même a découvert la communauté à travers les Jeunesses franciscaines. Jeune professeur de mathématiques en Moselle, elle devient bénévole dans le monastère avant de choisir la vie religieuse. Elle sourit à l’évocation de ce souvenir : « En 800 ans, tout a changé mais je reconnaissais le parfum de sainte Claire ».