À quoi ressemblait le catéchuménat au VIIe siècle ? - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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À quoi ressemblait le catéchuménat au VIIe siècle ?

Rome, VIIe siècle : la Ville entière se réunissait autour du pape pour une Vigile pascale d’exception. Et célébrait les baptêmes des néophytes, au terme d’un parcours exigeant.
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Le baptistère de la basilique Saint-Jean-de-Latran, à Rome.

© Dnalor 01 - CC by-sa

Au cours des siècles qui suivirent la fin des persécutions, l’augmentation du nombre de catéchumènes conduisit l’Église à systématiser la préparation du baptême. C’est ainsi que naquit la discipline du catéchuménat. Il durait en général trois ans – et parfois bien plus –, période de formation catéchétique et de probation morale, mais durant laquelle les catéchumènes appartenaient déjà à la société chrétienne. Une distinction nette était cependant faite entre les fidèles qui avaient reçu le caractère baptismal, et étaient dignes et capables de participer à l’offrande du sacrifice du Christ, et les catéchumènes qui ne pouvaient participer qu’à la première partie de la messe. Un diacre les renvoyait après l’homélie.

Quand on en faisait la demande ou qu’on en était jugé digne, on entrait dans la catégorie des compétentes – les élus, appelés au baptême pour la prochaine Vigile pascale. Commençait alors la préparation ultime, rythmée par un certain nombre de rites et de cérémonies.

Le souffle du prêtre

Lors du premier appel, ils recevaient une exsufflation – souffle du prêtre, symbole de l’Esprit-Saint dont la présence vient chasser les puissances du mal –, l’imposition de la croix sur le front, par le prêtre et le parrain, et du sel bénit dans la bouche : c’est le « sacrement du sel » que mentionnait déjà saint Augustin. À cela s’ajouta bientôt le cas échéant l’imposition d’un nouveau nom, chrétien.

Les nouveaux élus enchaînaient alors un certain nombre de séances d’instruction, ou « scrutins ». De trois à l’origine, il y en eut jusqu’à sept au VIIe siècle, qui avaient pour but de vérifier la préparation des candidats et de les présenter aux fidèles. Ils commençaient au début de la troisième semaine de Carême et avaient lieu pendant la messe. Dès le lundi, le parrain signait à nouveau le front de son pupille. Puis était pratiqué un premier exorcisme, afin de libérer l’élu de l’emprise concédée au mal par le péché originel : avant de sanctifier, l’Église prépare et purifie. Ces rites étaient répétés aux deuxième, quatrième, cinquième et sixième scrutins.

Le troisième scrutin, mercredi de la quatrième semaine de Carême, était parfois appelé « grand scrutin » ou « ouverture des oreilles ». On se rendait en procession à Saint-Paul-hors-les-Murs. Après la lecture, quatre diacres sortaient en procession de la sacristie, portant chacun un évangéliaire différent, qu’ils posaient aux quatre coins de l’autel. Ils en chantaient chacun le début, puis un prêtre prenait la parole pour expliquer tel Évangile. Après cette « tradition » ou transmission des Évangiles, venait celle du Symbole – le Credo de Nicée –, puis du Pater. On chantait enfin l’Évangile de l’aveugle-né (Jn 9) envoyé par Jésus vers les eaux de Siloé pour y retrouver la vue – tout un programme.

Crachat contre le diable

Une nouvelle étape importante intervenait au matin du Jeudi saint, quand le pape réunissait son clergé pour célébrer la messe chrismale, au cours de laquelle seraient consacrés les huiles des infirmes, des catéchumènes, et le saint chrême, mélange d’huile et d’un baume extrait de plusieurs essences végétales de Terre sainte.

Au matin du Samedi saint, les catéchumènes étaient réunis pour le dernier scrutin. Après un ultime exorcisme, on pratiquait le rite de l’ephpheta : ouverture de la bouche et des oreilles, reproduisant le geste de Jésus touchant avec sa salive la langue et les oreilles du sourd-muet. Ils étaient alors sommés par trois fois de renoncer à Satan, un rite dont la force était renforcée au diocèse de Milan, et encore aujourd’hui dans certains rites orientaux, par une sputation – triple crachat en direction du couchant, symbolisant le diable. Après avoir été oints une première fois de l’huile des catéchumènes, symbole de force, avoir restitué le Symbole et fait solennellement profession de foi, les candidats se prosternaient sur le seuil de l’église et priaient.

On se retrouvait le soir à Saint-Jean-de-Latran, cathédrale du pape, où les catéchumènes assistaient à la première partie de la Vigile pascale – rites du feu et de la lumière, douze lectures de l’Ancien Testament et bénédiction de l’eau. Au chant des litanies, ils quittaient l’édifice pour en faire le tour et rejoindre le baptistère attenant. Rejoints par le pape, ils y étaient baptisés par une triple immersion complète, hommes et femmes séparément. Suivaient les rites complémentaires de l’onction du saint chrême au sommet de la tête par un prêtre, de la remise du vêtement blanc et de la lumière, une chandelle au cierge pascal. Ils retrouvaient enfin le pape au consignatorium, le lieu de la confirmation, avant de rejoindre la basilique pour la suite de la Vigile et la messe de la Résurrection, dans laquelle ils recevaient pour la première fois l’Eucharistie.

Renouvelés par les eaux du baptême et emplis de la joie pascale, les nouveaux baptisés, ou néophytes, gardaient durant l’octave de Pâques le vêtement blanc symbolisant leur vie nouvelle. Ils le déposaient le samedi suivant, appelé in albis depositis, lors de la messe célébrée par le pape au Latran. La vie chrétienne ainsi initiée se poursuivait par une formation adaptée à ces nouveaux initiés, la catéchèse mystagogique, c’est-à-dire l’explication théologique et symbolique des rites liturgiques de l’initiation, en particulier ceux du baptême et de l’Eucharistie. 

Retrouvez cette chronique sur sur claves.org, le site de formation chrétienne de la Fraternité Saint-Pierre.