Angers, capitale de l’Anjou, est au nord-ouest de Tours. Cité gauloise que connaissait déjà Ptolémée sous le nom de Juliomagus, puis capitale gallo-romaine du peuple des Andécaves, elle doit son importance à sa situation sur la Maine, qui rejoint quelques kilomètres plus loin la Loire, plus importante voie de communication de l’ouest de l’Empire romain, puis du royaume de France. Les autoroutes et lignes de chemin de fer actuels disent encore la permanence de ce lieu géographique stratégique dans l’ouest de la France.
La tapisserie de l’Apocalypse
Angers abrite dans son château la plus splendide tapisserie médiévale au monde qui, sur plus de 100 mètres de long, illustre le livre de l’Apocalypse, en mêlant au récit religieux des messages politiques en pleine guerre de Cent Ans. Une grande œuvre d’art et de communication en somme ! Ce n’est donc pas un hasard si l’IRCOM, qui veut unir la philosophie, la culture classique et les techniques modernes de communication au service de la personne humaine, y a été créée en 1984. Si cette école est présente à Paris et à Lyon, l’IRCOM a gardé son centre dans le campus universitaire d’Angers où se manifeste son originalité.
Angers a vu naître le bon roi René, comte de Provence, roi de Sicile et de Jérusalem. Ce beau-frère de Charles VII, grand soutien de la Pucelle d’Orléans, a donné à sa ville natale l’élégance et le goût des arts qu’il cultivait particulièrement.
Les récentes découvertes dues à la restauration de Notre-Dame de Paris ont permis de retrouver le tombeau d’un autre Angevin célèbre : Joachim du Bellay, immense amoureux de sa province natale, défenseur et illustrateur de la langue française : « Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,/Que des palais Romains le front audacieux/Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :/Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin/Plus mon petit Liré, que le mont Palatin/Et plus que l’air marin, la douceur angevine. »
L’immortel auteur d’« Heureux qui comme Ulysse… » a inscrit l’Anjou et sa capitale dans la lignée d’Athènes et de Rome au sommet des gloires littéraires de tous les temps. Le délicieux Joachim était au côté de Pierre de Ronsard, son voisin tourangeau, l’artisan du triomphe des lettres françaises qui, bravant le latin, renouait avec la Grèce dans une filiation qui se voulait homérique et troyenne !
Angers fut un temps révolutionnaire et républicaine, détestée des Vendéens qui ont vu les martyrs d’Avrillé et savaient que les armées révolutionnaires partaient d’Angers pour noyer dans le sang la révolte des paroisses et des paysans. Mais la période révolutionnaire n’a pas effacé le passé très prestigieux de la cité et Angers a gardé son âme de ville royale. Il faut aussi noter la présence et le rayonnement d’ordres religieux, tout particulièrement celui des Servantes des Pauvres d’Angers, congrégation ancienne qui connaît un très grand renouveau au XXIe siècle.
Tuffeau, ardoise et schiste
Capitale judiciaire et administrative, son urbanisme, typiquement ligérien avec tuffeau, schiste et ardoise, est à l’image de sa fonction : de grandes avenues débouchant sur la grande place du Mail qui borde le Palais de Justice et la Préfecture. Cette architecture élégante et efficace se mêle à un charmant vieux centre où dominent les maisons à colombages, toutes serrées dans un parcellaire typiquement médiéval.
La population, dont une grande partie est étudiante, y goûte un art de vivre éloigné des trépidations de la capitale et pourtant ouvert à toutes les nouveautés. La population angevine, très globalement contente de son sort, revendique tranquillement son identité de cité royale en même temps que provinciale.