Le « devoir » de manifester ? - France Catholique
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Le « devoir » de manifester ?

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Mes amis et confrères de la presse catholique s’interrogent sur la position des évêques français quant à la manifestation prévue le 6 octobre contre le projet gouvernemental sur la PMA élargie. Nos évêques ont-ils, oui ou non, fait une obligation aux catholiques de participer à cette manifestation ? C’est ce que les médias, dans leur ensemble, ont cru comprendre à la suite de la soirée de lundi au Collège des Bernardins, notamment en tenant compte des propos tenus à la presse par Mgr de Moulins-Beaufort. L’intéressé a-t-il vraiment donné l’ordre de manifester ? Une mise au point du secrétaire général de la Conférence des évêques, le Père Thierry Magnin, donne à penser à Jean-Pierre Denis, directeur de La Vie, qu’il y a eu « rétropédalage ». Je ne voudrais pas trop m’engager dans une discussion byzantine sur le sujet, mais dire simplement mon avis. Le devoir dont a parlé le président de la Conférence ne s’énonçait nullement comme un ordre impératif donné par les évêques mais comme la conséquence d’une délibération réfléchie des citoyens. La gravité de la portée de la loi envisagée déterminait, pour qui y avait sérieusement pensé, un engagement public.

Oui, mon cher Jean-Pierre, l’Église n’est ni un parti, ni un syndicat. Son rôle n’est pas d’embrigader mais de donner à réfléchir, ce qu’elle a fait dans le cas présent avec beaucoup de diligence et de délicatesse. Mais si l’on a intériorisé l’enjeu pour l’avenir de l’instrumentalisation de la procréation, il reste à utiliser les moyens les plus propres à faire retentir une protestation motivée. À ce propos, l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, peut déclarer à notre confrère Famille chrétienne : « La plupart des citoyens n’ont souvent pour seul moyen d’expression que la manifestation publique. Ils doivent pouvoir s’exprimer, donc cette démarche est, non seulement licite, mais vraiment utile. »

Certains n’entrent pas dans une telle démarche et ils ont très mal vécu la grande mobilisation de la Manif pour tous contre la loi Taubira ? Sont-ils rejetés pour autant ? Ce n’est pas mon sentiment. L’Église ne rejette personne. Les portes de ses sanctuaires sont ouvertes à tous et à toutes, y compris et peut-être d’abord à ceux et à celles qui n’approuvent pas toutes ses positions et vivent en dehors de ses règles. Mais la bienveillance de la charité n’impose nullement l’immobilisme ou la résignation. Sûrement pas !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 19 septembre 2019.