On se souvient de la célèbre boutade de Chesterton selon laquelle l’objet du Nouvel An était « que nous ayons une Nouvelle Âme ». Excepté le repentir et la résolution d’éviter les péchés et les échecs de l’année précédente, une part de cela, je pense implique d’entrer dans l’année nouvelle avec un sentiment d’espérance.
Pas un optimisme naïf, mais un sentiment d’espérance et de confiance en Dieu, et une volonté de coopérer avec Lui, de L’écouter. Et c’est vrai, une âme nouvelle implique une conversion. En profondeur, en arrivant à la fin du premier mois du nouvel an, soyons plus engagés dans notre foi, en public et en privé, que nous ne l’étions en 2024.
Je crois que ce sentiment d’espérance a de solides fondements, même si ces fondements sont de la taille d’une graine de moutarde. Bien qu’il soit nécessaire de parler avec réalisme et régularité du grand vide apparu en occident en raison du déclin de la foi, et des forces obscures qui s’amoncellent, il y a certains points de lumière, visibles, même s’ils sont petits, en raison de l’obscurité.
Nous entendons parler d’un nombre croissant de personnes, certaines bien connues – des intellectuels, des écrivains, des artistes – qui se convertissent au Christ. Cela réchauffe le cœur et redonne de l’espoir. Il y a aussi des milliers d’inconnus qui demandent le baptême ou cherchent à entrer dans l’Église ; vous devez en connaître. C’est vraiment extraordinaire alors que l’Église traverse une période très publique de grande confusion. Ce doit être l’œuvre de Dieu parce que, autrement, cela n’aurait pas de sens.
Aussi, l’une de nos premières pensées alors que nous entrons dans cette période de renouveau, est de faire tout ce que nous pouvons pour aider à guider les autres vers la lumière, et pour cela, il nous faut quelque chose comme un nouveau cœur, une nouvelle âme.
De même, sans aucun esprit de parti, du seul point de vue de la défense de la vie, de la liberté de parole et du bon sens, nous avons beaucoup à espérer. Les élections et l’intronisation du président Trump a apporté ce que nous pourrions appeler une correction nécessaire au tsunami d’idiotie qui a été la marque de fabrique des nombreuses dernières années. J’en veux pour parfait exemple d’avoir vu sur les chaînes d’information, apparaître à l’écran sur le téléscripteur des « dernières nouvelles » : « Seulement deux genres – déclare Trump – mâle et femelle » . Cela, bien sûr, était « la dernière nouvelle » dans le livre de la Genèse.
Lié à cela inextricablement, nous avons une autre pensée pour ce temps nouveau dans la providence de Dieu – le don de la définition de notre foi . Cette année 2025 de Notre Seigneur est le 1700° anniversaire du Concile de Nicée dont nous tenons le Credo de Nicée que la plupart des chrétiens orthodoxes récitent le dimanche et les jours de fête.
Pourquoi est-ce important ? Finalement, il ne s’agit que d’un anniversaire, et une formulation, un dogme, ne sont-ils pas un truc suranné alors que maintenant, nous sommes antidogmatiques et libres-penseurs. C’est le signe de notre maturité, de notre passage à l’âge adulte ?
Balivernes. Comme l’a dit AS Chesterton que je vais citer librement de nouveau, il y a deux sortes de personnes dans le monde, les « dogmatiques conscients » et les « dogmatiques inconscients. J’ai moi-même toujours trouvé que les inconscients étaient les plus dogmatiques. » Nous avons vu un exemple flagrant du dogmatique inconscient dans celui qui a fait un discours au président et à sa famille dans la cathédrale nationale de Washington de la façon la plus dogmatique.
C’est une folie à la mode de décrier le dogme ; rappelons-nous à nouveau les paroles de Dorothy I. Sayers, « le dogme est le drame ». Si les gens viennent au Christ, ils ont besoin et veulent savoir ce en quoi ils croient ; une foi sans dogme n’est pas une foi du tout. Chesterton nous éclaire là-dessus : « Les dogmes ne sont pas sombres et mystérieux ; un dogme est plutôt un éclair – une lucidité instantanée qui ouvre sur un paysage total…. Le Dogme est une éducation. Un professeur qui n’est pas dogmatique n’est qu’un simple enseignant qui n’enseigne pas. »
A notre époque le monde occidental a un besoin crucial d’une période de lucidité. L’obscurcissement a été le modus operandi normal dernièrement – dans le monde et dans l’Eglise -. Maintenant il nous faut de la clarté et de la lumière. Quand le monde s’interroge, la dernière chose qu’il attend du christianisme est la confusion.
Hilaire Belloc a dit « La foi est l’unique balise dans cette nuit, si balise il y a ». Alors que les pères du Concile de Nicée débattaient (et même les patrons de tavernes et leurs clients dans l’ancien monde discutaient apparemment d’obscurs points de théologie), alors que des anathèmes étaient prononcés et des hérésies dénoncées, une balise de foi était allumée pour guider l’humanité à travers la confusion d’un monde encore païen.
Le travail fait à Nicée fut essentiel à l’époque, et l’est encore. Une foi fluide et informe est aussi absurde que la fluidité de genre ; c’est un immeuble sans fondations, et le Christ a été clair à propos de ce qui arriverait à une telle structure.
Lors d’une séance de questions-réponses, s’adressant pour la dernière fois en tant que pape aux prêtres du diocèse de Rome en février 2013, Benoit XVI a parlé des époques qui ont suivi les anciens conciles, Nicée inclus, comme de périodes de « chaos ».
Beaucoup de gens avaient espéré avec Jean Paul II et Benoit XVI que le temps du chaos qui avait suivi le concile Vatican II était terminé. Ces espoirs, semble-t-il, devaient être provisoirement anéantis. Peut-être la célébration de Nicée cette année contribuera-t-elle à une sorte de correction nécessaire au sein de l’Eglise comme nous en voyons une émerger dans le monde séculier.
Quelle joie et quel cadeau de la providence que de célébrer l’anniversaire du concile de Nicée cette année et en ce temps. Allumons les feux de joie, festoyons et réjouissons-nous. En 2025, redonnons sa grandeur au dogme.
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Source : https://www.thecatholicthing.org/2025/02/02/lets-make-dogma-great-again/
Fr Benedict Kiely, traduit par Isabelle