Poitiers, aux sources de la chrétienté - France Catholique
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Enfance : éduquer à la sainteté
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Poitiers, aux sources de la chrétienté

Poitiers fut l’un des poumons de la chrétienté médiévale, voyant fleurir de prestigieux monastères.
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La collégiale Notre-Dame-la-Grande, à Poitiers, est caractéristique du style roman poitevin. © Phil Lev / unsplash

Elle est fière, elle est belle, la blanche ville de Poitiers, plantée sur son éperon rocheux. Elle peut, elle aussi, s’enorgueillir d’un passé brillant. Saint Martin, avant de monter sur le siège épiscopal de Tours, avait choisi de venir s’installer au plus près de l’évêque de Poitiers, le grand saint Hilaire (315-367). La communauté d’hommes retirés de la vie sociale qui s’était constituée au IVe siècle à Ligugé, tout près de Poitiers, fut ainsi la première communauté monastique d’Occident. Le monastère de Ligugé, encore « en activité », est donc le monastère le plus ancien d’Europe.

Hilaire triomphe de l’hérésie

Un peu plus tard, la reine sainte Radegonde, ayant quitté son violent époux Clotaire Ier, fonda elle aussi la première abbaye de femmes à Poitiers. L’incroyable baptistère Saint-Jean ou l’hypogée des Dunes – un petit oratoire redécouvert au XIXe siècle – rappellent à tout croyant qui passe par Poitiers que la ville fut bien l’un des poumons de la chrétienté occidentale. Et, puisque rien ne relève du hasard dans l’histoire, on comprend bien que, quelques siècles plus tard, l’invasion arabe fut stoppée nette à Poitiers.

Auparavant, saint Hilaire avait combattu victorieusement l’hérésie arienne, majoritaire à son époque dans l’empire d’Occident. Après lui, plus personne n’osa vraiment remettre en cause le Symbole de Nicée – ce que prouvera le raisonnement d’Érasme, à la fin du Moyen Âge : ses Colloques, parus aux éditions des Belles Lettres dans la traduction d’Olivier Sers, montrent que ce grand humaniste était si attaché à la foi de Nicée qu’il avait interrogé sur ce point Martin Luther. Et, ne trouvant chez ce fauteur d’hérésie aucun relent arien, Érasme avait conclu qu’il n’était pas si dangereux ! Érasme fut en butte aux catholiques intransigeants et aux luthériens mais il est significatif de voir, dans sa pensée, combien Hilaire avait triomphé…

Au XXe siècle, une mauvaise traduction du Symbole de Nicée a pu introduire une possibilité d’hérésie en évoquant une « même nature » du Père et du Fils. Mais, fort heureusement, sous l’impulsion d’Étienne Gilson et avec la signature de Jean Guitton et de François Mauriac, le « consubstantiel au Père » est, après quelques années d’incertitudes, enfin revenu dans la traduction liturgique.

C’est à Poitiers que Jeanne d’Arc fut confirmée à la demande de Charles VII par les femmes comme « étant vierge » et par les docteurs comme étant « de saine raison et de bonne doctrine ». Dans son procès de Rouen, elle renvoie très souvent les juges à reprendre le livre de Poitiers : « Tout cela est dans le livre de Poitiers ! » Ce livre n’a jamais été retrouvé et celui qui aurait le bonheur de le tenir entre ses mains pourrait alors donner à lire « les enfances de Jeanne ». Il y a encore beaucoup de choses à retrouver de l’histoire de Jeanne…

Jusqu’en Acadie

Poitiers, si elle n’est pas le centre de la France, en est une partie du cœur. Les Poitevins partirent d’ailleurs en nombre dans la Nouvelle-France et l’on dit encore que le parler de l’Acadie est très proche du patois poitevin.
Aujourd’hui, alors que les mosquées essaient de disputer la première place à la collégiale Notre-Dame-la-Grande, Poitiers, ville spirituelle, ville royale, ville universitaire, ville judiciaire, ville militaire, dont le régiment de troupes de marine a porté aux quatre coins du monde le génie militaire français, doit impérativement plonger au plus profond de ses racines pour redevenir le symbole vivant de la chrétienté française.