La chasteté, un combat spirituel - France Catholique
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Éducation affective : protéger l'amour vrai
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La chasteté, un combat spirituel

« L’esprit est ardent, mais la chair est faible », avertit le Seigneur. Pour la nature humaine, abîmée par le péché originel, le domaine de la chair est un lieu de combat spirituel récurrent.
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Le Vœu à Sainte-Anne d’Auray (détail), William-Adolphe Bouguereau, 1869.

La chasteté n’est autre que « la charité appliquée au domaine de la sexualité », explique l’abbé Vincent de Mello. Ce qui implique « d’aimer l’autre à la manière que Dieu me donne de l’aimer, aimer en vérité, dans le même regard que Dieu ». À cause du péché originel, la chasteté revêt une dimension de lutte. C’est ce qu’entend saint Thomas qui la définit comme « la vertu par laquelle nous corrigeons la concupiscence en la soumettant à la règle de la raison » (Somme Théologique).

Le manque de chasteté correspond, quant à lui, au péché de luxure qui « consiste à détourner la sexualité de sa fin naturelle. C’est-à-dire qu’on sépare volontairement l’union de la procréation, ce pour quoi Dieu l’a conçue », poursuit l’abbé de Mello. Dans la Genèse, Dieu châtie Onan parce qu’il a fait du plaisir une fin en soi : toute action qui cherche la jouissance en dehors de la procréation est peccamineuse. La procréation n’est pas non plus un blanc-seing absolu : même les époux sont appelés à la chasteté par l’équilibre dont ils font preuve dans leur vie affective.

Un danger pour l’âme

Tous les péchés tachent l’âme et l’affaiblissent par le désordre qu’ils occasionnent. Sans être le plus grave dans l’ordre de la concupiscence – c’est-à-dire l’attrait de l’homme pour les biens terrestres au détriment de ceux du Ciel – le péché de la chair est sûrement le plus violent. Saint Thomas dresse la liste des conséquences de la luxure dans l’âme du pécheur : « L’aveuglement de l’esprit, l’inconsidération, la précipitation, l’inconstance, l’amour de soi, la haine de Dieu, l’attachement à la vie présente et l’horreur de la vie future. » La raison en est que, « quand on est trop attaché aux jouissances charnelles, on ne cherche pas à arriver aux jouissances spirituelles, mais on a pour elles du dégoût ». On se détourne alors de la vérité qui condamne ces actes dont on ne parvient pas à se détacher : « Ils ont détourné leurs yeux pour ne point se rappeler les justes jugements » (Daniel 13, 9).

Une fausse mystique

Une conséquence plus néfaste encore est le mensonge. Parce que « la concupiscence [nous] a perverti le cœur » (Daniel, 13, 56), nous cherchons des parades pour justifier le mal. Pire encore : une fausse « mystique de la chair », comme on a pu en trouver dans certains cas d’abus récents. Saint Paul, dans l’épître aux Romains (8, 5-8), n’a de cesse d’avertir que « la tendance de la chair est ennemie de Dieu, elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, elle n’en est même pas capable. Ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu » [le mot chair doit s’entendre ici au sens allégorique des choses du monde et pas de la Création, qui est bonne car œuvre de Dieu – N.D.L.R.].

À propos de la tache laissée par le péché, le docteur angélique – saint Thomas d’Aquin – dit qu’elle « subsiste dans l’âme jusqu’à ce que, par un mouvement contraire, l’homme revienne à la lumière de la raison et de la loi de Dieu ; ce qui se fait par la grâce ». L’Aquinate ne considère pas simplement la chasteté comme l’absence de péchés de luxure mais bien comme la lutte contre la concupiscence. Il faut aller à la racine.

Pour cette lutte, il ne faut pas verser dans l’esprit du monde, qui méprise les conditions élémentaires à la chasteté. L’immodestie dans l’habillement, la promiscuité, l’intimité excessive… Tout cela, qui nous soumet à la tentation, est à fuir. Ne pas le faire et espérer rester chaste serait comme mettre une bûche au feu et lui demander de ne pas brûler. Sous-estimer sa faiblesse serait bien présomptueux, et n’avoir recours qu’à la prière dans l’espoir de la compenser serait mettre Dieu à l’épreuve. Il ne faut pas non plus négliger la chasteté spirituelle. Il est nécessaire de respecter le for interne de chaque âme. Si l’âme elle-même, sanctuaire de l’éternelle Trinité, n’a plus d’intimité pour l’autre, celle du corps peut-elle persister ? Par-dessus tout, le Christ nous encourage dans ce combat à avoir recours aux armes surnaturelles : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26, 41). Si elles sont employées sans négliger les armes naturelles de la saine pudeur et de la prudence, le combat sera couronné de succès.

Contempler

Bien sûr, on n’éduque pas à une vertu authentique en agitant uniquement la menace du péché mortel. Mais c’est en faisant aimer le Ciel – et non seulement par un rapport honnête à la chair – que l’on détourne les âmes du péché qui les en prive.

L’idéal de chasteté proposé par l’Église est exigeant. Mais, avec la grâce de Dieu et le désir du ciel, il reste atteignable.

À ce propos, Paul VI donnait de paternels encouragements aux équipes Notre-Dame en 1970 : « Avec la force du Christ, vous pouvez, et donc vous devez réaliser de grandes choses. Méditez sa parole, recevez sa grâce dans la prière et dans les sacrements de pénitence et d’eucharistie, confortez-vous les uns les autres, en témoignant avec simplicité et discrétion de votre joie. Un homme et une femme qui s’aiment, un sourire d’enfant, la paix d’un foyer : prédication sans parole, mais si étonnamment persuasive, où tout homme peut déjà pressentir, comme par transparence, le reflet d’un autre amour, et son appel infini. »