À Boulogne-Billancourt, une nouvelle basilique pour la Vierge - France Catholique
Edit Template
Éducation affective : protéger l'amour vrai
Edit Template

À Boulogne-Billancourt, une nouvelle basilique pour la Vierge

Reportage. L’évêque de Nanterre doit célébrer le 12 janvier la messe d’élévation du sanctuaire Notre-Dame de Boulogne (Hauts-de-Seine) au rang de basilique mineure.
Copier le lien

© Basilique Notre-Dame de Boulogne – Boulogne-Billancourt

Dans l’agitation de la ville, pousser la porte de Notre-Dame de Boulogne, à Boulogne-Billancourt, est un vrai répit. Splendide église dont la partie la plus ancienne – le chœur – date du XIVe siècle, classée monument historique, elle abrite dans son transept une statue de Notre-Dame de Boulogne au cœur d’une vraie dévotion populaire. Au point qu’un décret, signé par le pape François le 29 juin 2024, a élevé ce sanctuaire diocésain au rang de basilique mineure. La décision, déjà effective, sera rendue visible par la messe d’élévation célébrée par l’évêque de Nanterre, Mgr Matthieu Rougé, le 12 janvier.

Vierge à l’Enfant sur un bateau

Devant la statue de la Vierge à l’Enfant, debout sur un bateau, qui date de 1884 – la précédente, donnée par Jean le Bon au XIVe siècle, avait été traînée dans les rues de Boulogne par les sans-culottes –, Sarah égrène son chapelet. Après être passée devant l’église pendant des années, elle se décide un jour à y pénétrer. « Depuis, je viens régulièrement, car il se passe quelque chose ici, sourit-elle. Nous vivons dans un monde agité. Quand je prie, je regarde la Vierge à l’Enfant sur son bateau et je lui demande de nous ramener à bon port. »

« Quand nous présentons Notre-Dame de Boulogne à ceux qui ne la connaissent pas, nous expliquons qu’elle correspond au mystère de la Visitation : la Sainte Vierge amenant Jésus
, explique le Père Roger Villegas, recteur de la jeune basilique riche de 1 000 fidèles. Ce message, déjà universel, le devient encore davantage depuis que les lieux sont une basilique, puisque placés sous la protection du Saint-Siège lui-même. »

Vénération de reliques

Le dossier, envoyé par le diocèse pour faire du sanctuaire une basilique mineure, a été traité en un temps record, Notre-Dame de Boulogne pouvant avancer l’ancienneté de la dévotion, les nombreux sacrements dispensés tout au long de l’année – dont trois messes par jour –, et pouvant se targuer d’être un lieu où vit la piété populaire.

« Outre la présence de Notre-Dame de Boulogne, nous avons organisé ces dernières années de nombreuses vénérations de reliques, comme celles de sainte Marie-Madeleine, du bienheureux Carlo Acutis ou encore du saint Curé d’Ars, énumère le Père Roger Villegas. À chaque fois, les fidèles étaient présents en nombre, car nous vivons dans une époque où règne une grande soif de ces signes palpables de la présence de Dieu. »

Dévotion répandue par Philippe le Bel

Pour comprendre l’importance des lieux, il faut remonter au VIIe siècle et changer de département, quittant les Hauts-de-Seine pour le Pas-de-Calais. En 633, alors qu’un bateau sans voile ni rameur s’était échoué dans le port de Boulogne-sur-Mer, la Sainte Vierge apparut dans une chapelle de la ville, où elle révéla aux fidèles que le bateau abritait une image d’elle à rapporter afin d’y être vénérée à perpétuité. Cette statue de la Vierge à l’Enfant, sculptée dans du bois, prend alors le vocable de Notre-Dame de Boulogne. La diffusion de la dévotion s’intensifie grâce à Philippe le Bel lui-même. Le roi de France lui attribuait sa victoire inespérée – et sa vie sauve – face aux Flamands lors de la bataille de Mons-en-Pévèle en 1304. Ensuite, c’est à Boulogne-sur-Mer, auprès de la Vierge, qu’il marie sa fille Isabelle de France au roi d’Angleterre Édouard II. Dès lors, le roi cherche un terrain à proximité de Paris pour y faire construire une église dédiée à Notre-Dame de Boulogne, où les pèlerins pourront accomplir un pèlerinage « raccourcy ». « Cela permettait aux malades notamment de se rendre auprès de la Vierge sans avoir à parcourir 300 kilomètres », indique le Père Roger Villegas. Le lieu choisi par Philippe le Bel sera Menus-lez-Saint-Cloud, bientôt renommé Boulogne-sur-Seine et, aujourd’hui, Boulogne-Billancourt.

Mère de l’Église

« Marie est une mère, alors il faut tout lui demander, avance Sœur Annie, présente pour le chapelet quotidien. Le fait que Notre-Dame de Boulogne devienne une basilique indique à quel point il faut prendre au sérieux la dévotion mariale. » Cette vierge consacrée du diocèse de Nanterre nourrit un lien particulier avec Notre-Dame de Boulogne depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À cette époque, quatre statues de la Vierge avaient entamé un long périple devant s’achever à Boulogne-sur-Mer dans ce qui avait été nommé le « Grand Retour ». « J’étais là, enfant, pour le Grand Retour ! tient à préciser Sœur Annie. Je me souviens avoir jeté des pétales de fleurs au passage de la statue… »

Comme tous les fidèles, elle attend avec impatience la messe d’élévation du 12 janvier. « La messe sera aussi l’occasion de rappeler que la Sainte Vierge est à la fois Mère d’espérance, Mère de la paix et Mère de l’Église, puisque Notre-Dame de Boulogne se trouve sur un bateau qui est son symbole, insiste Mgr Matthieu Rougé. Nous espérons que cette élévation au rang de basilique mineure attirera tous ceux qui cherchent la consolation et la paix. »

L’élévation du sanctuaire en basilique, qui en fait un oasis spirituel incontournable, s’accompagnera d’un chantier de restauration intérieure et extérieure de quatre ans, mené par des entreprises ayant travaillé sur le chantier de Notre-Dame de Paris. De quoi doter Notre-Dame de Boulogne du plus bel écrin possible afin de donner envie au plus grand nombre de se rendre à ses pieds et, pour ceux qui le peuvent, d’entamer un pèlerinage « raccourcy » jusqu’à Boulogne-Billancourt.