L’apocalypse n’a pas (encore) eu lieu - France Catholique
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L’apocalypse n’a pas (encore) eu lieu

L’adoption de la motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier devait conduire – disait-on – à la catastrophe économique. Si le recul est encore insuffisant pour en évaluer l’impact réel, les premiers signaux viennent démentir les Cassandre.
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L'hémicycle de l'Assemblée nationale, vide.

© Assemblée nationale

Le 4 décembre, le décrochage accusé par la courbe du CAC 40 après le vote de la motion de censure par l’Assemblée nationale ne fut in fine que minuscule. Le lendemain, l’indice boursier repartait à la hausse. À la clôture du 6 décembre, il caracolait à 7 430 points, contre 7 261 points à l’ouverture du 4 décembre, soit une hausse de 2,3 % au plus fort de la séquence. Autant dire que les investisseurs, qui n’ont guère la réputation d’accorder en masse leur confiance à La France insoumise ou au Rassemblement national, ne se sont guère émus des avertissements catastrophistes qui ont précédé le vote.

« La défiance des créanciers »

Affirmer que cette censure sera sans conséquence économique est bien sûr prématuré. D’autres indicateurs ont montré que l’actualité politique était suivie de près à l’international. À l’approche du vote, l’écart entre les taux des obligations français et allemands s’est creusé, frisant les 90 points. Cet écart « reflète […] la défiance que les grands créanciers internationaux, notamment chinois ou américains, éprouvent envers notre économie. La France emprunte désormais plus cher que l’Espagne ou le Portugal », indique ainsi Le Figaro (02/12). La France en défaut de paiement, bientôt placée sous le contrôle du FMI ? L’infolettre Time to Sign Off (05/12), qui n’a rien d’un brûlot contestataire, nuance : « Ni crash boursier […] ni explosion du taux d’emprunt de la dette française… la censure “passe crème”. Mais oui ! »

Il est encore trop tôt pour mesurer les effets réels de la chute du gouvernement, au-delà des prédictions apocalyptiques. « Ceux qui prétendent vouloir redresser le pays […] font aujourd’hui le choix du désordre », a affirmé Laurent Wauquiez (LR). « Si le budget sur la Sécurité sociale était censuré, ça veut dire qu’au 1er, votre carte Vitale ne marche plus », a prévenu Élisabeth Borne (ER). On n’en est pas encore là, d’autant plus qu’une solution existe : la reconduction, en 2025, du budget 2024. Natixis envisage ce scénario dans une note (02/12) : « En prenant en compte notre hypothèse de croissance nominale du PIB pour 2025, estimée à 2,7 %, le déficit budgétaire passerait de 6,1 % en 2024 à 5,3 % en 2025 ce qui impliquerait une consolidation à peine inférieure à celle du projet de loi de finances 2025 initialement présenté par le gouvernement. »

Une politique illlisible

C’est davantage l’état lamentable de la parole politique qui semble justifier une lecture pessimiste de cet épisode. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir du projet du Rassemblement national, comment comprendre que les mêmes qui l’ont tenu à l’écart de l’« arc républicain », qui ont œuvré pour l’écarter de tous les postes clés au palais Bourbon, lui reprochent aussi de n’avoir pas soutenu le budget présenté par Michel Barnier ? Comment comprendre que l’on ricane de l’argument simple de Jordan Bardella, que l’on adhère ou non à ses idées : « On ne pouvait pas laisser passer un budget avec 40 milliards d’euros d’impôts supplémentaires, dans un pays qui a déjà le record des prélèvements obligatoires. » En l’occurrence, 44,8 % du PIB en 2023 contre 39,2 % dans le reste de la zone euro…

Ce que laisse percevoir en creux cette motion de censure, c’est avant tout l’attente d’une politique lisible et forte. Le baron Louis, cité par Philippe de Villiers sur CNEWS (06/12), l’avait dit en son temps à Guizot : « Faites-nous de bonne politique, et je vous ferai de bonnes finances. »