Comment un autel est-il consacré ? - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Comment un autel est-il consacré ?

L'archevêque de Paris consacrera le nouvel autel de Notre-Dame le 8 décembre. Un rituel qui rappelle que l'autel est bien le « lieu » le plus important d'une église.
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Des grains d'encens mêlés à la cire sont utilisés pour l'embrasement et l'encensement de l'autel.

« Du haut du ciel, répands ta bénédiction sur l’autel qui a été bâti en cette église ; qu’il soit pour toujours consacré au sacrifice du Christ, qu’il soit la table du Seigneur où ton peuple viendra refaire ses forces. Que cet autel soit pour nous le symbole du Christ, car c’est de son côté transpercé qu’il laissa couler l’eau et le sang, source des sacrements de l’Église. »

« J’avancerai vers l’autel de Dieu »

Ces paroles, Mgr Laurent Ulrich les prononcera au cours de la messe inaugurale de Notre-Dame de Paris, le 8 décembre, au moment où il consacrera le nouvel autel de la cathédrale – le précédent ayant disparu dans l’incendie.

Parce qu’il rend visible l’événement le plus important de l’histoire de l’humanité – le don de Dieu sur la Croix –, l’autel est le « lieu » le plus important de l’église, la pierre d’angle vers laquelle convergent les regards et les âmes. « J’avancerai vers l’autel de Dieu, vers Dieu qui est toute ma joie », dit le psaume 42. « L’autel, c’est le Christ », résume saint Cyrille de Jérusalem, évêque de la Ville sainte de 350 à 386, proclamé docteur de l’Église par le pape Léon XIII. C’est pourquoi les fidèles s’inclinent et s’agenouillent devant l’autel, « vénéré par un baiser du prêtre au début et à la fin de la messe et encensé à deux reprises, au début et lors de la présentation des offrandes », rappelle Florian Laguens dans son guide du servant d’autel, Pour toi Seigneur (Salvator, 2021).

On comprend que la consécration de l’autel, destiné au service divin, appelle des rites précis et respectueux, pour que le sacrement de l’Eucharistie puisse y être célébré avec solennité. Elle se déroule en plusieurs étapes.

– Au début de la messe, l’archevêque bénit l’autel en l’aspergeant d’eau bénite.

– Puis, après l’homélie et la litanie des saints, les reliques des saints sont déposées et scellées dans une cavité de l’autel – le sépulcre – en souvenir du temps où l’Église célébrait l’eucharistie sur le tombeau des martyrs, qui ont donné leur vie en témoignage de leur foi. Ces reliques seront, à Paris, celles de saintes et de saints dont l’histoire est liée à celle du diocèse (lire encadré ci-dessous).

– Ensuite a lieu l’onction de l’autel : ayant ceint un grémial [tablier liturgique], l’évêque répand le Saint Chrême sur les cinq croix gravées dans l’autel, l’une au centre et quatre aux angles, puis sur toute la table [le Saint Chrême est un mélange d’huile et de parfum consacré le Jeudi saint, qui sert aussi pour le baptême, la confirmation et l’ordination]. L’autel devient alors vraiment le signe de la présence du Christ, que le Père a oint de l’Esprit Saint. Ce rite s’accomplit au son du psaume 44 : « Oui, Dieu, ton Dieu t’a consacré d’une onction de joie, comme aucun de tes semblables. »

– Puis vient le rite de l’embrasement : des grains d’encens, mélangés à de la cire, sont brûlés sur les cinq croix de l’autel, rappelant le sacrifice du Christ et les plaies dont il a été marqué. C’est pourquoi l’autel doit conserver les traces de cet embrasement, de ces blessures, et beaucoup ont regretté que ce rite n’ait pas été convenablement accompli lors de la consécration du précédent autel de Notre-Dame de Paris, en 1989 : les grains d’encens avaient été placés dans des coupelles de terre cuite qui s’étaient brisées sous l’effet de la chaleur, et avaient été aussitôt retirées de peur que l’autel ne soit marqué… L’encens évoque aussi les prières des fidèles qui montent vers le Père.

– Enfin, l’autel est paré de trois nappes de lin blanc, rappelant le linceul et les linges du Christ. Il est ensuite surmonté de la Croix et illuminé par les cierges, signifiant que le Christ est la lumière des nations. L’Eucharistie peut alors être célébrée sur l’autel ainsi consacré.

Les saints de l’autel de Notre-Dame de Paris

Madeleine-Sophie Barat (1779-1865). Fille d’un vigneron bourguignon, elle reçut une pieuse éducation. Elle décide de fonder une congrégation dédiée à l’éducation des jeunes filles. En 1800, avec trois jeunes compagnes, elles prononcent leurs vœux à Paris et se consacrent au Sacré-Cœur ; c’est la fondation des Dames du Sacré-Cœur dont les bonnes œuvres se répandent petit à petit en Europe et aux Amériques. Son corps repose dans l’église Saint-François-Xavier de Paris (VIIe).

Marie-Eugénie Milleret (1817-1898). Issue d’une famille lorraine, elle mène une vie mondaine jusqu’à sa conversion à Notre-Dame de Paris en 1836 en entendant le P. Lacordaire prêcher. Elle se tourne vers l’éducation des jeunes filles de milieux favorisés et déchristianisés pour lutter contre le matérialisme. Elle fonde les Religieuses de l’Assomption. Son zèle la mènera aux confins de l’Europe, en Amérique latine, aux Philippines et jusqu’en Nouvelle-Calédonie.

Catherine Labouré (1806-1876). Bourguignonne, elle est frappée par la misère du peuple après son arrivée à Paris, et devient Fille de la Charité en 1830. Elle commence sa formation dans la maison-mère, rue du Bac. La Sainte Vierge lui apparaît en 1830, la chargeant de faire frapper la Médaille miraculeuse. Son corps repose dans une châsse dans la chapelle de la rue du Bac.

Charles de Foucauld (1858-1916). Militaire et homme du monde, il est converti de manière foudroyante par une confession avec le Père Huvelin en l’église Saint-Augustin de Paris (VIIIe). Il part vivre en ermite dans le Sahara à Tamanrasset, parmi les Touaregs, où il vit caché comme Jésus-Christ à Nazareth et apôtre de l’amour fraternel. Il a été canonisé par le pape François en 2022.

Vladimir Ghika (1873-1954). D’origine roumaine et orthodoxe, il se convertit au catholicisme et est ordonné prêtre pour le diocèse de Paris à 50 ans. Proche des plus pauvres, il habite dans le bidonville de Villejuif. Il est aussi l’ami de grands intellectuels comme Paul Claudel et Jacques Maritain. Au service de la diplomatie vaticane, il retourne à Bucarest où il est arrêté en 1952 et torturé. Il meurt deux ans plus tard. 
François Mennesson