Comme il existe des préparations au baptême ou au mariage, peut-on dire que le parcours Omega est une préparation à la mort ?
Isabelle Serey : Une telle présentation serait réductrice. Le parcours Omega est plutôt une catéchèse fondamentale destinée à tout chrétien qui veut devenir un apôtre de feu. Dans cette perspective, on ne peut éviter d’appréhender la mort en face, sinon nous sommes condamnés à tourner en rond dans notre vie spirituelle. Tout comme au baptême, nous avons été plongés dans la mort du Christ pour renaître avec lui, nous sommes appelés à « actualiser » cette expérience lors de notre mort bien réelle, en acceptant « de la vivre » par lui, avec lui et en lui. Pour ce faire, il est nécessaire d’engager un travail à tout âge, et pas seulement le grand âge venant.
Quelle est l’intuition qui vous a conduits à monter ce parcours ?
À vrai dire, c’est la Sainte Vierge qui en est à l’origine. L’appel à initier le parcours Omega est né au sein d’un groupe de prière qui s’était monté à partir d’une intuition reçue au sanctuaire de L’Île-Bouchard. Originellement, il s’agissait de prier le chapelet du Rosaire pour les souffrants car, quand on souffre, Marie console et allège le fardeau. Mais Marie conduit toujours à Jésus : chemin faisant, nous avons découvert le chapelet de la Divine Miséricorde, véritable planche de salut que Jésus a donnée à sainte Faustine, particulièrement pour le moment de la mort. Cette expérience de la prière pour les souffrants et les mourants nous a conduits à aller proposer au Père Jean-Marc Bot, qui était alors le curé de Saint-Germain-en-Laye, d’aller plus loin dans la démarche. C’est l’origine du parcours Omega.
À quel besoin spécifique répond-il ?
J’ai pu constater à de nombreuses occasions combien ma génération n’est pas prête à vivre la mort douloureuse comme un passage vers la vie, le sujet reste tabou, même si l’on observe d’heureuses évolutions depuis une quinzaine d’années environ. Néanmoins, la vie du corps continue de nous submerger et nous délaissons la question du Salut de l’âme. La devise du parcours Omega pourrait être : « Tous prêts pour la vie éternelle. » Et la question à laquelle il entend répondre : « Si tu n’es pas prêt aujourd’hui, comment le seras-tu demain ? » C’est vrai, que l’on ait 30 ou 90 ans. L’idée est donc de se placer dans la perspective de la grande rencontre du Christ que nous ferons au moment de la mort et de la vie qui nous attend après, pour devenir un vrai chrétien, et de faire de la mort un acte de vie.
Comment se déroule une session du parcours Omega ?
Il ne s’agit pas d’une retraite dans son acception classique, mais plutôt d’une retraite interactive, fondée sur des diaporamas, des vidéos, des exercices pratiques et des ateliers d’écriture et bien sûr la vie sacramentelle et la prière. Une session dure cinq jours, et comprend autant d’étapes. Le premier jour, nous proposons une relecture de sa vie pour entrer dans une vraie contrition et entrer dans la louange. Le second jour, nous prenons le seul pont qui unit la terre au Ciel : la Croix. Or, la Croix douloureuse est une Croix miséricordieuse. Le troisième, nous approfondissons le « qu’est-ce que mourir », à l’école de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de sainte Faustine, et nous apprenons à abandonner totalement notre mort à Jésus, par les mains de Marie, Porte du Ciel. Le quatrième, nous levons le voile sur le monde invisible et l’au-delà, nous creusons la question des fins dernières – justice et miséricorde – pour rentrer dans la communion des saints, aux trois niveaux de la vie de l’Église, celle du Ciel, celle du Purgatoire et celle de la terre. Et enfin, le cinquième, nous apprenons à nous tenir prêts, avec le désir du Ciel qui nous fait grandir dans l’union à Dieu, ce qui suppose de mener un combat spirituel en se laissant transformer par la puissance du Saint-Esprit.
Suivre un parcours Omega, est-ce aussi entrer dans une démarche d’espérance ?
À l’origine, nous sommes partis de l’angoisse viscérale que suscite la mort dans le monde contemporain. Cette angoisse est aujourd’hui démultipliée par la dissociation qui existe désormais entre le corps et l’âme, et par la confusion que l’on fait régulièrement entre le cerveau et l’âme.
En réconciliant toutes ces dimensions, le parcours Omega permet de parvenir à une foi renouvelée dans l’espérance de la résurrection de la chair : c’est concret et réel. Le salut en Jésus-Christ est pour l’homme tout entier, corps et âme. Ce qui nous attend, ce n’est pas un univers gazeux et éthéré ! Concrètement, ce parcours débouche souvent sur une grande paix. Certains de ceux qui l’ont suivi sont morts aujourd’hui, mais ont témoigné que cette expérience les avait profondément transformés. Être prêt aujourd’hui à mourir demain, c’est profondément rassurant.