Bienheureuses Carmélites de Compiègne - France Catholique
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Bienheureuses Carmélites de Compiègne

Qui sont ces 16 religieuses, guillotinées en 1794, dont la destinée a fasciné Bernanos et Poulenc, qui en firent une pièce et un opéra ? Le réalisateur François Lespes révèle la personnalité de ces âmes de feu dans un émouvant documentaire diffusé sur KTO.
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Exécution des martyres de Compiègne, église du couvent Santa Teresa, Palma, Espagne. © Joan Gené – CC by-sa

D’où vous est né cet intérêt pour cette tragique histoire ?

François Lespes : Adolescent, j’avais vu l’adaptation télévisée de Pierre Cardinal, en 1980, avec Suzanne Flon – moins connue que celle pour le cinéma du R.P. Bruckberger – de la pièce Le Dialogue des Carmélites, de Bernanos. Sur le plan spirituel, j’en avais gardé le souvenir d’une histoire forte et lumineuse. Mais le déclic est venu plus tard, quand j’ai découvert la décision du pape François d’ouvrir un procès de canonisation. Une telle démarche prouve bien qu’elles n’étaient pas de simples religieuses persécutées comme tant de prêtres en France, en pleine Terreur. Plutôt des saintes à la vie intérieure dense qui a été le moteur d’un acte d’offrande délibéré et non résigné. Les catholiques invoquent souvent l’intercession de sainte Jeanne d’Arc ou de Saint Louis quand le pays va mal. Mais ils n’ont jamais l’idée de prier ces bienheureuses ! Or regardez la ligne de conduite de la prieure Mère Thérèse de Saint-Augustin. Elle n’a de cesse de stimuler la foi et la confiance de ses filles, à l’image de Jésus le bon berger. Elle sait l’angoisse qui habite les plus fragiles mais leur dit de ne pas s’inquiéter. Et, au bout du compte, toutes monteront libres, dans la joie, vers l’échafaud pour rejoindre Jésus, leur Époux bien-aimé, dans un élan d’offrande et de réparation.

Le martyre des carmélites, le 17 juillet 1794, est-il une histoire surannée ou pensez-vous que s’y niche un message de foi actuel ?

Il y a une acuité incroyable dans le message délivré par le martyre de ces bienheureuses. Non seulement elles sont les imitatrices du Christ en accomplissant la volonté du Père mais elles œuvrent par le don de leur vie et, plus concrètement, par une neuvaine pour le retour de la paix, à la mort de Robespierre. Il faut garder à l’esprit la phrase de Paul (Rm 12, 21) : « Ne soyez pas vainqueurs par le mal, soyez vainqueurs du mal par le bien. »

Pensez-vous que cette histoire puisse toucher le cœur d’un athée ou d’un agnostique ?

Bien sûr ! Il y a eu, en 2022, l’opéra de Poulenc monté à l’église Saint-Louis-en-l’Île par la troupe de la chanteuse lyrique Carole Chabry. La plupart des artistes incroyants en ont été bouleversés. On transmet beaucoup par l’art. L’Esprit Saint était présent parmi certaines talentueuses carmélites, dont Sœur Julie-Louise de Jésus. Qu’on en juge par sa version de La Marseillaise, chantée le jour de leur retour au Père : « Laissons nos cœurs à l’allégresse, le jour de gloire est arrivé, loin de nous toute faiblesse, voyant l’étendard arrivé. Préparons-nous à la victoire. Marchons tous en vrai conquérant, sous le drapeau d’un Dieu mourant. Courons, volons à la gloire. Ranimons notre ardeur, nos corps sont au Seigneur. Montons, montons à l’échafaud et rendons-le vainqueur. » Une chose est sûre, en communion avec les bienheureuses de Compiègne, l’amour et la vie ont le dernier mot sur la haine et la mort.

Bienheureuses : la véritable histoire des carmélites martyres de Compiègne, documentaire de François Lespes.
Diffusé sur KTO le 17 juillet, à 20 h 35.