Quel que soit le gouvernement, une réalité finira par s’imposer : la dette publique de la France – celles de l’État, des collectivités locales et de la Sécurité sociale – atteint 3 159 milliards d’euros, soit 111 % du PIB. Dette colossale, bien plus élevée que celle de l’Allemagne – 66 % du PIB – et supérieure de 19 points à la dette moyenne des pays de la zone euro – qui tend à diminuer, alors que celle de la France a augmenté de plus de 950 milliards d’euros depuis l’élection d’Emmanuel Macron, en 2017, selon l’Insee.
On pourra évidemment rappeler que l’endettement est un mal français. Aucun budget de l’État n’a été voté en équilibre depuis 1975 : près d’un demi-siècle ! Le président de la République peut bien affirmer aussi qu’il a dû faire face à des crises majeures : la révolte des Gilets jaunes, la pandémie de Covid 19 – sans oublier les émeutes de l’an dernier : 11 jours de saccages qui ont coûté 1 milliard d’euros, selon un rapport du Sénat. Reste que nos partenaires ont dû, eux aussi, affronter la pandémie et les conséquences inflationnistes du conflit ukrainien.
Dégradation des comptes
Dans les faits, cette dégradation des comptes publics s’explique, pour un tiers environ, par une baisse des recettes fiscales – liées à des réductions d’impôts : suppression de la taxe d’habitation, baisse de l’IRPP en 2019… – alors que le gouvernement n’a pas réduit les dépenses en conséquence. Résultat : l’Union européenne a placé la France sous procédure de déficit excessif et l’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé sa note juste avant les élections européennes, soulignant que son déficit budgétaire est « nettement plus élevé » que prévu. La confiance des marchés s’érode.
D’un point de vue comptable, cette dérive se traduit par une augmentation importante de la charge de la dette – le remboursement des intérêts d’emprunt par l’État : 29 milliards d’euros en 2020, 58 milliards en 2023 – plus que le budget des armées – et sans doute 80 milliards d’euros en 2027 – plus que le budget de l’Éducation nationale, selon le gouverneur de la Banque de France.
Un programme coûteux
Dans ce contexte, les marges de manœuvre budgétaires sont très réduites. Or le coût des mesures que prendrait le Nouveau Front populaire s’il gouvernait atteint, de son propre aveu, 150 milliards d’euros – et même 286 milliards selon Renaissance, le parti du Président : hausse de 10 % du point d’indice des fonctionnaires, prise en charge du coût de la cantine, des fournitures scolaires et du transport des élèves de l’école publique, revalorisation de 10 % des aides au logement, suppression de la réforme de l’assurance-chômage, abrogation de celle des retraites…
Ironie de l’histoire : c’est parce qu’il redoutait que la droite ne censure le gouvernement lors du vote du budget, cet automne, qu’Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale. Pour clarifier les choses, disait-il.