Les droits de l’homme et du citoyen, une Déclaration sous influence - France Catholique
Edit Template
Marie dans le plan de Dieu
Edit Template

Les droits de l’homme et du citoyen, une Déclaration sous influence

Constitués en Assemblée nationale le 17 juin 1789, les députés adoptèrent en août la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Un texte préparé notamment par un ecclésiastique, mais profondément remanié sous l’influence maçonnique.
Copier le lien
Déclaration des droits de l'homme

Déclaration des droits de l'homme, tableau de Jean-Jacques Le Barbier, vers 1789.

Le 17 juin 1789, le tiers-état décida, avec quelques représentants de la noblesse et du clergé, de se constituer en Assemblée nationale. Les députés firent rapidement le projet de rédiger une Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, destinée à précéder la Constitution censée régénérer l’État. C’est le projet du VIe bureau de l’Assemblée nationale, dirigé par Mgr Champion de Cicé, qui est choisi pour servir de modèle.

Très équilibré, ce texte, proposé le 12 août 1789, comporte un préambule et 24 articles en harmonie avec l’anthropologie chrétienne. Cette déclaration articule les droits et les devoirs dans les articles 7 à 10 : « Art. 7. Dans l’état de société, chaque homme, pour obtenir l’exercice libre et légitime de ses facultés, doit le reconnaître dans ses semblables, le respecter et le faciliter. Art. 8. De cette réciprocité nécessaire résulte, entre les hommes réunis, la double relation des droits et des devoirs. Art. 9. Le but de toute société est de maintenir cette double relation ; de là l’établissement des lois. Art. 10. L’objet de la loi est donc de garantir tous les droits, et d’assurer l’observation de tous les devoirs. »

Le culte de l’Être suprême

Mais un ajout, dans le préambule de ce projet, va dénaturer ce texte en introduisant un culte – celui de l’Être suprême – intimement lié à la franc-maçonnerie : « L’Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême… » C’est le retour de la gnose, une doctrine qui propose le salut par la connaissance, gnôsis en grec. Comme le montre le célèbre tableau de Jean-Jacques Le Barbier conservé au musée Carnavalet (ci-dessus), l’œil omniscient, très présent dans l’iconographie maçonnique, éclaire de ses rayons les nouvelles « Tables de la Loi ». Par ce glissement, l’ésotérisme maçonnique – un enseignement secret réservé à ses initiés – remplace l’exotérisme catholique, dans lequel rien n’est caché. C’est une véritable révolution au sens originel du terme, celui d’un changement de paradigme.

Expérimentations

L’universalité des droits de l’homme sera amplifiée par la rédaction d’une déclaration universelle en 1948. Loin de la vision promue par l’Église catholique, celle de l’union du corps et de l’esprit, émerge une conception de la dignité humaine qui s’appuie sur le dualisme corps et esprit. Là où l’Église enseigne que l’homme reçoit la vie de Dieu – une vie sacrée de sa conception à sa mort naturelle où le corps et l’esprit ne sont pas dissociables –, la vision gnostique considère généralement que l’esprit doit dominer le corps et ouvre, par conséquent, la voie à toutes les expérimentations.

Progressivement, après la ratification de la Convention des droits de l’homme subrepticement effectuée par Alain Poher, président de la République par intérim en 1974, l’évolution de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) fait triompher la vision dualiste propre à la gnose. Autorisant ainsi des pratiques en contradiction totale avec l’anthropologie chrétienne – notamment dans le domaine bioéthique.

Mgr Champion de Cicé
Le « père » de la Déclaration
Archevêque de Bordeaux, député du clergé, Jérôme Champion de Cicé (1735-1810) est nommé garde des Sceaux par Louis XVI après la nuit du 4 août, qui abolit les privilèges féodaux. Refusant de prêter serment à la Constitution civile du clergé, qui rompt avec la laïcité catholique et veut soumettre l’Église à l’État, il choisit l’exil en 1791 et ne revient en France qu’en 1802, après l’abrogation de ce décret par Napoléon. Nommé archevêque d’Aix-en-Provence, fait comte d’Empire, il meurt en 1810, à l’âge de 74 ans.