Sainte Lutgarde, premier Cœur à cœur - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Sainte Lutgarde, premier Cœur à cœur

Fêtée le 16 juin, cette sainte flamande est la première à avoir eu des apparitions du Sacré-Cœur, au XIIe siècle.
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Apparition du Christ à sainte Lutgarde

La vision de sainte Lutgarde, Michael Willman, v. 1696.

Vers 12 ans, Lutgarde est placée par ses parents chez les bénédictines du monastère Sainte-Catherine, à Tongres. Alors qu’elle n’a pas encore choisi la vocation religieuse, elle reçoit, vers 16 ans, une vision du Christ lui montrant la blessure ensanglantée de son Cœur, disant : « Ne cherche plus les flatteries d’un vain amour. Regarde ici et contemple désormais ce que tu dois aimer et pourquoi tu dois aimer. C’est ici que je promets de te faire goûter les délices de toute pureté » (Vita Lutgardis, de Thomas de Cantimpré, dominicain, confident et biographe de la sainte). C’est la première vision connue du Sacré-Cœur, 500 ans avant sainte Marguerite-Marie.

Faveurs mystiques

Bouleversée par cette apparition, Lutgarde décide de devenir religieuse. Au monastère, elle reçoit de nombreuses faveurs mystiques : don de comprendre le sens des psaumes sans avoir appris le latin, don de guérir les malades, lévitations, extases, stigmates. Mais elle demande davantage à son époux céleste : « Ce que je veux, c’est votre Cœur… »

Le Christ lui dit : « Bien plutôt, c’est moi qui veux ton cœur. » Elle répond alors : « Qu’il en soit ainsi, Seigneur, de telle façon cependant que vous accordiez à mon cœur l’amour de votre Cœur et qu’en vous je possède mon cœur, bien à l’abri et pour toujours sous votre garde. » Lutgarde reçoit alors la grâce mystique de l’échange des cœurs, le premier connu de l’histoire. Une nuit, « de la Croix [le Christ] détacha un bras, il l’enlaça, la serra contre son côté droit et appliqua sa bouche à la blessure. Elle y but une douceur si puissante qu’elle fut depuis lors et jusqu’à la fin de sa vie toujours plus forte et plus alerte au service de Dieu » (Vita Lutgardis).

Le mérite du martyre

En 1206, elle est élue, à 24 ans, abbesse du monastère de Saint-Trond. Par humilité, elle se dérobe à cet honneur et part chez les cisterciennes d’Aywières, près de Namur, pour mener une vie plus austère.

En 1210, alors qu’elle demande à Jésus la grâce de subir le martyre, comme sainte Agnès, son biographe rapporte qu’« une veine se rompit à son côté, à hauteur du cœur ; il en sortit tant de sang que ses tuniques et son manteau en étaient abondamment aspergés… » Elle en gardera une cicatrice à vie. Le Christ lui apparaît et lui dit : « À cause de cette ardeur que tu mettais à désirer le martyre et que tu éprouves en répandant ce sang, tu recevras dans le ciel un mérite de martyre égal à celui qui fut donné à la bienheureuse Agnès quand elle eut la tête coupée pour sa foi en moi. »

Ne parlant que le flamand, Lutgarde vit dans cette nouvelle communauté isolée par sa méconnaissance de la langue romane parlée par ses Sœurs. Le Christ lui demande trois fois des jeûnes de sept années, pour des intentions très particulières. Devenue aveugle, elle passe ses douze dernières années dans le noir et s’éteint à l’âge de 64 ans. Elle est l’une des grandes mystiques du XIIIe siècle, avec sainte Mechtilde et sainte Gertrude, et la sainte patronne de la Flandre.