Les tribulations du sacré-Cœur en Europe - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Les tribulations du sacré-Cœur en Europe

La dévotion au Sacré-Cœur s’est peu répandue dans une Europe décidée à s’affranchir de sa loi.
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Sacro Cuore del Suffragio

Église du Sacré Cœur du Suffrage, Rome.

© SonyGM / CC by

C’est d’abord vers l’Europe de l’Est que la dévotion cordicole s’est répandue, ce qui va de soi si l’on songe que les révélations de Paray-le-Monial sont la continuation publique de celles, privées, faites à sainte Gertrude d’Helfta : le 27 décembre 1320, la mystique rhénane s’entend révéler que la dévotion au Cœur de Jésus est « réservée à une époque où le monde commencera à se refroidir ». Il faudra cependant attendre 1796 pour que le Tyrol, menacé par l’avancée des troupes révolutionnaires, soit le premier pays au monde à se consacrer au Sacré-Cœur.

Plus à l’est, c’est par les Jésuites et Visitandines, soutenues par la reine Marie de Gonzague (1611-1667), que le Sacré-Cœur devient populaire en Pologne. Marie Leckzinska, élevée dans sa dévotion, la rapporte en France en épousant Louis XV en 1725 – sans convaincre le roi d’obéir aux demandes du Ciel.

Au Portugal

Dans la péninsule ibérique, c’est à Lisbonne que sera édifié le premier sanctuaire au monde consacré au Sacré-Cœur : la basilique de Estrela, bâtie en 1790 à la demande de la reine Maria Ire en action de grâces pour la naissance de l’infant Don José. Mais le grand sanctuaire portugais cordicole est celui de Viana do Castelo, d’où se répand au XVIIIe siècle un symbole typique, qui tend aujourd’hui à se laïciser pour représenter l’amour humain, celui du Cœur enflammé – emblème, entre autres, des équipes sportives du pays. Cette perte de sens n’a pas empêché l’épiscopat portugais de renouveler la consécration au Sacré-Cœur pendant la pandémie de 2020.

En Italie

Paradoxalement, l’Italie sera l’une des plus lentes à se laisser gagner, même si Pie VII autorise la fête du Sacré-Cœur dans le monde hispanique et si Pie IX, devant les dangers grandissants contre les États pontificaux, l’étend à l’Église universelle. C’est dans ce contexte qu’il décide, en 1870, de placer sous l’invocation du Sacré-Cœur la basilique qu’il fait construire dans les faubourgs de Rome. Léon XIII – qui consacrera le genre humain au divin Cœur en 1899 – reprendra ce projet, interrompu par la prise de Rome. Ne parvenant pas à mobiliser les bonnes volontés, il s’adresse à Don Bosco qui part chercher l’argent nécessaire, monnayant à l’occasion ses dons de thaumaturge. Les catholiques français financeront en partie la construction de cette basilique romaine.

C’est encore à un prêtre français, missionnaire du Sacré-Cœur, Victor Jouët, que Rome doit son autre sanctuaire cordicole, il Sacro Cuore del Suffragio, rebaptisé après l’incendie de 1897, qui laissa sur un mur le visage d’un homme tordu de douleur, dessiné par la suie. Dans la conviction que ce portrait est celui d’une âme souffrante venue réclamer les suffrages des vivants, la dévotion aux âmes du Purgatoire s’est associée à celle du divin Cœur, leur consolation. L’église abrite aussi le fascinant musée du Purgatoire.

« Je régnerai malgré mes ennemis. » Cette promesse, toujours d’actualité, vaut pour la France, l’Europe, le monde. Elle s’accomplira tôt ou tard.