Fin de vie : la dernière bataille - France Catholique
Edit Template
Marie dans le plan de Dieu
Edit Template

Fin de vie : la dernière bataille

Copier le lien

Les 10 Commandments, cimetière du Montparnasse.

© Leo Reynolds / CC by-nc-sa

«Périssent les faibles et les ratés. Et qu’on les aide à disparaître… » Ces mots de Nietzsche dans L’Antéchrist (1895) décrivent parfaitement l’enjeu de civilisation du débat sur la fin de vie, entre deux philosophies qui s’affrontent.

D’un côté, celle de Nietzsche, philosophe allemand qui rejette violemment une civilisation chrétienne qui a selon lui trop le souci des faibles. Pour lui, la vie ne vaut pas d’être vécue à tout prix : « Si vous estimez que la vie ne vaut rien, qu’elle n’est que souffrance digne de pitié, pourquoi donc tenez-vous encore à elle… ? » Le même Nietzsche se fera le chantre de la volonté de puissance et du surhomme, qui inspireront ensuite le nazisme et les idéologies qui prônent la sélection des êtres humains pour améliorer la race humaine.

De l’autre côté, la civilisation chrétienne, appuyée sur la sagesse grecque – le serment d’Hippocrate – et la morale juive – les Dix Commandements – dont l’honneur dans l’histoire a été de protéger les plus vulnérables : les enfants par l’école, les malades par l’hôpital, et plus récemment encore, les vieillards en fin de vie. Ici point de faiblesse comme le reprochait Nietzsche, mais au contraire, la fleur d’une civilisation fondée sur le commandement de l’amour. L’amour en acte, et pas uniquement par des paroles généreuses, mais utopiques.

Ce conflit sous-jacent au projet de loi sur la fin de vie ne se résoudra pas facilement. Car face à cette inversion présentée comme un progrès, il y a une réelle difficulté à faire reconnaître la loi naturelle comme terrain d’entente entre croyants et non-croyants. La Révélation divine reste donc seule pour porter secours à à la « déroute de la raison », titre d’un livre récent de François-Xavier Putallaz, et faire entendre la voix de la conscience derrière l’écran de fumée du langage subverti – « mourir dans la dignité » – et de la manipulation de l’opinion.

C’est en Dieu seul désormais que réside le respect absolu de la personne humaine. En Dieu seul se trouve une vision positive de la nature humaine, qui malgré tout comporte quelque chose de bon, cette étincelle divine placée par amour par le Créateur dans sa créature. Et cette vision se trouve à rebours d’une conception pessimiste sur l’homme, qui fait de la personne un matériau, tout juste bon à jeter quand il est défectueux, selon cette « culture du déchet » si souvent dénoncée par le pape François.

Quel regard sur la mort ?

Cette dernière bataille découle aussi de notre regard sur la mort. La beauté de la civilisation chrétienne a été de montrer un horizon qui dépasse cet événement inéluctable et scandaleux, mais qui constitue le point de passage obligé vers l’au-delà. Dès lors, tous les efforts de cette civilisation seront d’en atténuer les effets douloureux, comme au Moyen Âge où la mort réunissait tout un village pour accompagner le deuil. Comme le font aujourd’hui les Petites Sœurs des Pauvres, et tant de religieuses, en situant la mort dans la continuité la plus douce possible avec la vie, jusqu’au dernier instant.

Comme elles, il s’agit ainsi de substituer à la prétention de tout maîtriser, y compris la mort, un consentement, une « plongée dans le mystère » comme l’écrit François-Xavier Putallaz. Mystère de l’amour qui offre un commandement nouveau par-delà la mort : « Viens, suis-moi. »