« Le Salut se prépare dès maintenant » - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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« Le Salut se prépare dès maintenant »

© Notre-dame de chrétienté

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« Le Salut se prépare dès maintenant »

En ce week-end de Pentecôte, le pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté réunira plus de 18 000 personnes, entre Paris et Chartres – et de plus en plus de jeunes –, autour du thème « Je veux voir Dieu. Les fins dernières ». Entretien avec l’aumônier du pèlerinage, l’abbé Jean de Massia, de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre.
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Comment expliquez-vous l’affluence croissante des jeunes au pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté ?

Abbé Jean de Massia : D’abord, l’intervention de la Providence ! Ensuite, les raisons sont multiples… Après le succès du pèlerinage de l’an dernier, nombreux sont ceux qui reviennent cette année avec des amis ! Nous voyons bien, aussi, que de nombreux jeunes renouent avec la foi, comme le prouve l’augmentation du nombre des baptêmes d’adultes et d’adolescents : 12 000 cette année, à Pâques ! Notre pèlerinage, missionnaire, y contribue d’ailleurs en attirant beaucoup de « recommençants ». De plus en plus de ces jeunes sont en quête d’un authentique et solide enracinement spirituel. Ce ne sont pas des tièdes ! Revendiquant une forme de radicalité – au sens noble de « racine » –, ils sont attirés par la messe traditionnelle, la belle liturgie et les pédagogies traditionnelles de la foi : pratique des vertus, pénitence, sacrifice, conversion radicale de vie… En lien avec cette exigence, ils viennent vivre, entre Paris et Chartres, une expérience spirituelle nourrie par l’intelligence de la foi, en raison de la place importante accordée, par Notre-Dame de Chrétienté, à la transmission des fondamentaux de la doctrine, à travers les enseignements et le carnet du pèlerin.

Ce pèlerinage leur permet de manifester leur foi de manière vivante…

Ce qui leur plaît beaucoup ! Ce pèlerinage promeut l’idée que le christianisme doit rayonner dans la société, s’enraciner en elle, à travers les institutions, la défense de la loi naturelle, l’école libre… et qu’il n’est pas qu’une valeur cachée dans l’âme. C’est ce que l’on appelle la chrétienté et c’est très fort à Chartres. C’est un pèlerinage militant, au sens où il a été créé pour essayer d’apporter une réponse à la crise de la société et de l’Église. Les jeunes adhèrent à cet engagement. En résumé, je dirais que le succès du pèlerinage est lié au fait qu’il permet de faire l’expérience de la mission par la tradition et la chrétienté.

Les messes sont célébrées selon la liturgie dite de saint Pie V. Ce pèlerinage rassemble-t-il seulement des « tradis » ?

L’un des piliers du pèlerinage est en effet de faire rayonner et connaître la liturgie traditionnelle, qui fait partie de l’ADN de notre œuvre depuis sa création, en 1983. Si la majorité de nos pèlerins connaît et fréquente la messe traditionnelle pendant l’année, le pèlerinage s’ouvre aussi à un public extrêmement varié, de tous âges, milieux sociaux et tendances de l’Église. Nous avons aussi des athées en recherche, des catéchumènes, des recommençants ! Mais une chose est sûre : tous viennent chercher ici, l’espace de trois jours, quelque chose qu’ils ne trouvent pas ailleurs. C’est la même chose pour le clergé : chaque année, des prêtres diocésains nous rejoignent, pour découvrir la forme extraordinaire, apprendre à la célébrer, et peuvent ainsi avoir accès à ce trésor commun de l’Église.


« Je veux voir Dieu » : pourquoi ce thème ?

Nous avons choisi ce thème des fins dernières car c’est un sujet doctrinal extrêmement important. Même s’il revient aujourd’hui, il a malheureusement été très absent de la prédication depuis les années 1970, de sorte que beaucoup de croyants pensent encore que nous serons tous sauvés… Pourquoi, dès lors, se préoccuper de notre salut ? Dans cette conception, il ne sert à rien de nous préparer au Ciel… Plus besoin d’éviter le péché, ni de se confesser pour être pardonné… Le thème de notre pèlerinage veut contribuer au réveil des consciences sur ce sujet.

Nous voulons aussi remettre en valeur la beauté de ce but que nous désirons atteindre : le Ciel. C’est un sujet auquel beaucoup de chrétiens ne veulent pas réfléchir car cela fait peur. Pourtant, ce que nous espérons – la vie éternelle avec Dieu – est un but extraordinaire, qui doit orienter et unifier toute notre vie ici-bas ! Notre cœur sera comblé lorsqu’il verra et possédera pleinement Dieu. C’est ce pour quoi nous sommes faits, ce qui donne du sens à toute notre vie, à tous nos efforts terrestres, tous nos combats… Or, cette vision béatifique – le Salut – se prépare dès maintenant, en suivant le Christ aujourd’hui, pour recevoir sa grâce.

Quel est l’enjeu de notre vie dans la perspective du Salut ?

Nous serons jugés sur nos œuvres. C’est ce que disent les Écritures : « J’avais faim et vous m’avez nourri », « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu », etc. C’est maintenant que la récompense céleste se prépare par la prière quotidienne, la vie sacramentelle, la pratique des vertus et des bonnes actions. L’enjeu est vital : ne laissons pas refroidir l’ardeur de notre âme pour l’amour de Dieu. Il est dangereux de trop s’attacher à la vie terrestre et d’être liés par le démon aux joies et aux plaisirs terrestres. La vie chrétienne doit être orientée vers le Ciel et résister au matérialisme ambiant. Nous ne sommes pas faits pour nous installer confortablement ici-bas : nous sommes des voyageurs en route pour rentrer chez eux, dans leur vraie patrie. À force de ne pas y penser, nous risquons de confondre le chemin – la terre – avec son but – le Ciel. Les Évangiles sont pétris de cette finalité et ne cessent de la rappeler. Il faut rester tendu vers la fin des temps : la dernière parole de la Bible est « Maranatha », « reviens Seigneur Jésus » ! Le retour du Christ sur terre sera l’accomplissement de tout.

Comment réveiller notre désir du Ciel ?

En cultivant notre relation intérieure avec Dieu, dans la prière et la vie sacramentelle. Mais également en demandant la grâce de la vertu d’Espérance et en pensant plus souvent à la mort, et aux joies qui nous attendent au Ciel. La prière du chapelet peut nous y aider, quand nous méditons sur le mystère de l’Ascension pour demander la grâce de l’Espérance et du désir du Ciel.

Le désir du Ciel… N’est-ce pas la meilleure réponse aux angoisses de notre époque ?

En effet, au-delà des déceptions de la terre, le christianisme nous dit que nous sommes faits pour quelque chose d’infini, d’absolu. Nos désirs sont authentiques mais les réponses du monde ne peuvent jamais pleinement nous satisfaire – au contraire, elles nous laissent souvent le cœur vide, comme l’expérimentent de plus en plus de jeunes… Seul l’amour divin peut combler le cœur de l’homme. C’est ce que prouve en particulier la joie des saints – comme Carlo Acutis, dont nous allons parler au pèlerinage.

Comment accompagner les jeunes – et les moins jeunes dans ce travail ?

Puisque les fins dernières sont le récapitulatif de toute la vie chrétienne, la réponse est très large ! Mais l’un des enjeux fondamentaux, aujourd’hui, est la formation. Il faut annoncer la vérité aux croyants, les former sur le contenu doctrinal de la foi. En effet, le catéchisme et l’Évangile ne nous disent que deux choses : le but de notre vie, c’est Dieu. Et les moyens de parvenir à cette rencontre au Ciel, ce sont les sacrements, qui nous soutiennent sur ce chemin, et la morale – les commandements – qui nous guide.

Pourquoi demande-t-on à la Vierge de prier pour nous « maintenant et à l’heure de notre mort » ?

« Maintenant », car c’est aujourd’hui que se joue la vie éternelle. On ne sait jamais quand la mort viendra : « Veillez et priez car vous ne savez ni le jour ni l’heure », dit le Christ. La vie sur terre nous est donnée pour faire notre salut ; après la mort, ce sera trop tard : nous serons jugés sur les œuvres de notre vie et sur l’état dans lequel nous sommes trouvés au moment de la mort. C’est seulement sur terre que l’on peut se convertir et revenir vers Dieu. Voilà pourquoi il est bon de prier le chapelet et Notre-Dame du Bien-Mourir, vénérée à l’abbaye de Fontgombault – nous le ferons pendant ce pèlerinage. Pour qu’elle prépare notre âme à accueillir la grâce qui sauve, à l’heure de notre mort, car c’est elle qui a accompagné Jésus à l’instant de sa Passion et qui accompagne tous ses enfants qui le lui demandent.

Sur Internet : www.nd-chretiente.com