La force est-elle une vertu chrétienne ? - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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La force est-elle une vertu chrétienne ?

Contrairement à ceux qui voient dans le christianisme une « religion des faibles », la vertu du courage est au cœur de la foi catholique.
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La Vertu et la Victoire, 1618, Pierre Paul Rubens, musée Liechtenstein, Vienne, Autriche.

Donnons la réponse d’emblée : oui, la force est une vertu chrétienne ! D’abord parce qu’elle est une vertu tout court, reconnue par les philosophes païens – Aristote en tête.

Ensuite, parce qu’en plus d’être une vertu, la force est un des sept dons du Saint-Esprit énumérés par Isaïe : « L’esprit de l’Éternel reposera sur lui : esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel » (Is 11, 2). Dans l’ordre naturel comme dans l’ordre surnaturel, la force occupe donc une très bonne place dans la morale chrétienne.

Certains pourraient s’en étonner, qui, avec Nietzsche, se représentent le christianisme comme une religion douceâtre, la « religion des faibles, des petits, des malades », prônant l’effacement, une humilité qui soit négation de soi. Sans parler de ceux qui, lorsqu’ils entendent le mot « vertu », ne pensent qu’à la fade pudibonderie des chaisières et des oies blanches.

Force et excellence

Pour faire justice de toutes ces caricatures, repartons des bases. Et d’abord, qu’est-ce qu’une vertu ? Chose amusante : en latin, « vertu » se dit « virtus »… c’est-à-dire « force », justement ! Et en grec, vertu se dit « arétè », qui signifie « excellence ». Nous voici loin de toute idée de petitesse ou d’aplatissement.

Précisons : Aristote appelle « vertu » l’habitude acquise – par la pratique – d’agir d’une manière excellente, en se tenant toujours sur la crête qui sépare l’excès du défaut. Or, cette excellence est définie par la raison qui détermine, pour chacune de nos puissances vitales, de quelle façon elle doit être régulée pour que nous restions maîtres de nous-mêmes et capables d’atteindre le bonheur.

On distingue ainsi quatre vertus principales, dites cardinales : la prudence, qui perfectionne l’intelligence pratique ; la justice, qui perfectionne la volonté ; la tempérance, qui perfectionne l’affectivité désirante ; et la force qui perfectionne l’agressivité. « Perfectionner » ici veut dire « parfaire », c’est-à-dire porter à sa fin propre. Ainsi la vertu ne vient-elle pas brimer, entraver, corseter la nature humaine, mais plutôt lui permettre d’atteindre sa destination.

Une vertu à cultiver

Prenons la force – que l’on appelle aussi le courage. Alors que la tempérance aide à ne pas nous laisser aller aux choses faciles – boisson, mangeaille, drogue et bagatelle –, la force doit être cultivée pour affronter les choses difficiles – douleur, crainte, mort. C’est pourquoi elle vient rectifier ce que j’ai appelé l’agressivité – que les anciens nommaient « l’irascible » – c’est-à-dire la partie de notre affectivité qui réagit avec une certaine vivacité, voire une certaine violence, aux choses difficiles ou déplaisantes.

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