Souveraineté alimentaire : un mirage ? - France Catholique
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Souveraineté alimentaire : un mirage ?

Les annonces faites par Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture témoignent de la difficulté de trouver un modèle souverain pour résoudre la crise agricole.
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Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture, 24 février 2024.

© Élysée

Souveraineté ! Le mot revient en grâce. Au plus fort de la colère des agriculteurs fin janvier, Emmanuel Macron évoquait un « changement de logiciel », une souveraineté certes européenne mais avec « des dérogations nationales ». De son côté, Gabriel Attal promettait, le 1er février, d’inscrire « l’objectif de souveraineté alimentaire » dans la future loi d’orientation agricole. Une prise de conscience salutaire. Si rien n’est fait, la France pourrait manquer de lait d’ici à 2027 pour répondre à la demande de ses propres consommateurs, alors qu’elle est le deuxième pays producteur de lait en Europe et qu’elle exporte aujourd’hui 40 % de sa production ! La faute au manque de renouvellement des agriculteurs, lié aux dures conditions financières d’installation. L’exemple du blé dur illustre aussi le besoin pour la France de consommer ce qu’elle produit. Ainsi, 16 % seulement du blé dur de l’Hexagone est consommé par les Français. Or la France en produit beaucoup, mais il est exporté en Italie dans les usines de pâtes qui seront ensuite mangées en France !

Signe des temps, le Salon de l’agriculture et de l’alimentation a donc ouvert sous la bannière de la souveraineté alimentaire. Cependant, ni Emmanuel Macron, ni les syndicats agricoles n’ont de solutions toutes faites pour « assurer plus de production française afin d’avoir plus de produits français », selon les mots de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture… et de la Souveraineté alimentaire. « Le problème de la souveraineté alimentaire et agricole tient au fait qu’on importe un tiers de notre alimentation », souligne le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau. En effet, la France importe les trois quarts du blé dur consommé, plus d’un tiers des fruits tempérés, un quart des pommes de terre et de la viande de porc alors que, dans le même temps, tous ces produits sont exportés ! Mais « la préférence nationale stricte, ce serait la fin de l’Union Européenne » avertissait Marc Fesneau le 25 février, sur Cnews. Le gouvernement s’est donc lancé dans l’identification des vulnérabilités dans les différences filières agricoles. Il ressort déjà de cette étude, selon un document interne que le journal Les Échos s’est procuré, une trop forte dépendance aux engrais importés.

Si les intentions gouvernementales sont louables, comment vouloir développer notre capacité à produire notre alimentation de base sans évoquer tout ce qui a été mis en place ces trente dernières années pour déconstruire la souveraineté alimentaire française ? En 1992, via l’accord de Blair House, l’Europe a décidé, de sa propre initiative, de limiter sa production de protéines (dont le soja) à 5,2 millions d’hectares. Pour retrouver une souveraineté alimentaire européenne et un tant soit peu française, il faudrait dénoncer cet accord de limitation de surface pour les porter entre 15 et 18 millions d’hectares. La France pourrait-elle être à l’initiative ?