IVG dans la Constitution : comment en est-on arrivé là ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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IVG dans la Constitution : comment en est-on arrivé là ?

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© Fred de Noyelle / Godong

La protection de la liberté d’expression, dont il a été tant question ces derniers jours, et à juste titre, n’aurait-elle pas son angle mort, ou plus exactement sa pierre d’achoppement ? Car s’il existe un domaine où depuis longtemps, plane la menace d’une interdiction de penser en dehors de l’idéologie dominante, c’est bien le début de la vie. Depuis 1975 et le vote de la loi Veil, la législation s’est renforcée au point de faire de l’avortement un « dogme » républicain, contre lequel il deviendrait presque délictueux d’émettre une opinion contraire. Au point que ni les politiques ni les médias grand public, à de rares exceptions près, n’osent plus remettre en question le bien-fondé de cet acte de donner la mort. Au point qu’il faille désormais qualifier la souffrance des femmes ayant avorté de « deuil caché », selon le titre d’un récent documentaire sur KTO. Fait rare, le Vatican est même intervenu pour s’opposer au projet d’inscrire l’avortement dans la Constitution française, en dénonçant une complète inversion des valeurs dans ce projet de « Constitution contraire à la vie ».

Rupture civilisationnelle

Comment en est-on arrivé à cette véritable rupture civilisationnelle qui consiste à nier une réalité humaine aussi universelle que la vie, dans un Occident judéo-chrétien fondé depuis des millénaires sur les Dix Paroles sacrées données par Dieu à Moïse ? Dans une récente conférence à l’Académie d’études sociales, Marguerite Peeters, spécialiste des enjeux éthiques à l’échelle internationale, y répond magistralement, en remontant à la racine qui est, selon elle, d’ordre théologique.

La cause de cette révolution culturelle libertaire, qui est une déconstruction de la notion même de personne, est en effet le rejet de la paternité de Dieu, affirme-t-elle, par la philosophie des Lumières. À la différence de Dieu le Père, l’Être suprême, ou le Grand Architecte, prôné par les révolutionnaires « se désintéresse totalement du sort de ses créatures. Le citoyen démocratique moderne issu de la Révolution est donc un orphelin ».

Plus encore, si Dieu n’est pas un Père aimant dont la Providence gouverne toutes choses, ce citoyen n’est pas non plus fils : il ne reçoit pas d’un autre son identité, son histoire et sa vie. À travers la paternité, celle de Dieu puis celle des pères de famille, ce sont ainsi l’engendrement et la filiation qui ont été rejetés. La révolution sexuelle des années 1960 a fait le reste, en donnant à l’homme et à la femme la possibilité de maîtriser par la technique la fécondation, et par la loi le droit de vie et de mort sur l’enfant à naître. Tel Prométhée dérobant le feu aux dieux, l’homme a affirmé sa volonté et sa liberté au détriment « d’une vie d’obéissance filiale au Père commun », note le philosophe Pierre Manent.

Dès lors que la seule raison n’apparaît plus suffisante pour assurer le respect du droit naturel à la vie, conclut Marguerite Peeters, c’est désormais à la foi « de prendre d’une certaine façon la défense de la raison ». Comment ? D’abord en contemplant le mystère du Fils, Jésus, vrai Dieu et vrai homme, et cette relation d’amour au sein de la Sainte Trinité, dont sainte Élisabeth de la Trinité disait : « Ne vous découragez pas, vous n’avez pas encore lu dans le grand cœur du bon Dieu, vous ne savez pas tout l’amour qu’il renferme et combien, en sa paternité, il s’occupe et pense à vous. »