Redécouvrir les vertus de la pénitence - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Redécouvrir les vertus de la pénitence

Le Carême est un temps de pénitence dont le Père Jean-François Thomas, s.j., nous rappelle tous les bienfaits.
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« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix et me suive »

© Jametlene / unsplash

Pénitence. Aujourd’hui, le mot fait peur, surtout dans une société où toute notion de sacrifice est évacuée. Or, si Jésus a enseigné les bienfaits du jeûne, de la prière et de l’aumône, il serait dommageable de les réduire à la portion congrue. S’il a choisi de ne pas vivre l’austérité de saint Jean-Baptiste, il nous a cependant donné l’exemple de son jeûne au désert, puis de ses souffrances acceptées pour notre Salut. Il a également invité ses apôtres à jeûner et à prier après son Ascension (Mt 9, 15), après leur avoir auparavant précisé que certains démons ne peuvent être chassés que par ces deux habitudes qui renforcent notre nature affaiblie (Mc 9, 28). Ce que résume la belle formule de l’évêque Eusèbe d’Émèse (IVe siècle) : « Le jeûne soumet la chair à l’esprit, la prière unit l’âme à Dieu : ainsi l’homme devient un ange qui commande à la chair et au démon. »

Notre carcasse est rétive…

Il apparaît donc que, pour résister aux tentations, il est certes nécessaire de prier, mais que cette prière n’est rendue possible et efficace que si la chair est maîtrisée. Les vertus ne peuvent éclore que si la pénitence – avec des moyens appropriés et équilibrés – vient soutenir leur recherche. Pourtant, le chrétien contemporain a plutôt tendance à laisser de côté le jeûne – et toute manifestation de mortification du corps – pour ne retenir des pénitences du Carême que la prière et l’aumône – la charité –, dans une vision un peu naïve et idéalisée. En effet, notre peau, notre carcasse sont rétives et il est bien difficile de les faire bouger, de les faire monter vers le Ciel, sans quelque effort de notre part…

Cela signifie que, pour être productive, la pénitence doit être volontaire – et non uniquement celle de l’acceptation des contrariétés du quotidien et autres souffrances que la vie apporte… – comme mouvement de notre esprit pour canaliser le corps afin d’enrichir l’âme. Elle est un pur geste, gratuit, d’offrande à Dieu, non point pour mépriser le corps mais au contraire pour lui redonner la place qu’il mérite, avec des exigences plus hautes. La pénitence aide à ce renoncement à soi-même, passage obligé pour être disciple comme l’a sans cesse rappelé le Christ dans son enseignement : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il porte sa croix et me suive » (Mt 16, 24).

Un juste équilibre

L’ascèse n’est pas facultative mais elle doit être sage, dans le juste équilibre qui varie selon les forces – et aussi le désir d’union à Dieu – de chacun. Ce qui semble excessif dans les actes de pénitence de certains saints doit toujours être mis en perspective avec leur soif d’être totalement conformes à l’imitation du Christ dans son dépouillement absolu de l’Incarnation. Ce qui conduit à la pénitence n’est point la recherche d’une douleur, d’une frustration, d’un manque, mais le moyen le plus approprié pour grandir, à travers la maîtrise de soi, dans l’amour de Dieu.

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