Le jeudi 30 septembre 1897, sainte Thérèse de Lisieux meurt à l’issue d’une longue agonie. Elle a 24 ans. Malade depuis plusieurs mois, elle confie dans ses dernières heures à sa sœur Céline : « Jamais je n’aurais cru qu’il était possible de tant souffrir… Jamais, jamais ! » Pourtant, la jeune carmélite avait écrit qu’elle désirait « beaucoup souffrir » et dit juste avant d’expirer : « Oh ! je ne voudrais pas moins souffrir… » La petite Thérèse puisait dans sa foi ardente sa force face à la mort. Sa souffrance fait écho à celle du Christ, qui a précédé l’homme dans cet abîme et l’y accompagne quand s’achève la vie terrestre.
Intercéder pour les âmes
Les souffrances qui marquent une vie font connaître quelque chose du feu du Purgatoire. Dieu a permis aux hommes qu’en souffrant unis à son Fils, ils expient leurs péchés et purifient leurs âmes. Thérèse sait que, réunie à son « Époux », par ses souffrances ici-bas puis au Ciel, elle pourra agir plus efficacement pour les âmes car « l’Éternel […] écoute la prière des justes » (Pr 15, 29). Le 17 juillet, elle confie : « Je sens que je vais entrer dans le repos… Mais je sens surtout que ma mission va commencer, ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l’aime, de donner ma petite voie aux âmes. Si le bon Dieu exauce mes désirs, mon Ciel se passera sur la terre jusqu’à la fin du monde. Oui, je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. » Le mystère de la communion des saints fait du salut une affaire collective. Si l’on peut prier pour les autres, on peut aussi souffrir pour les autres. « Je ne puis m’expliquer cela [ses souffrances] que par les désirs ardents que j’ai eus de sauver des âmes », dit Thérèse.
L’offrande de soi
Dans son Acte d’offrande à l’Amour miséricordieux (9 juin 1895), sainte Thérèse écrit : « Afin de vivre dans un acte de parfait Amour, je m’offre comme victime d’holocauste à votre Amour miséricordieux, vous suppliant de me consumer sans cesse, laissant déborder en mon âme les flots de tendresse infinie qui sont renfermés en vous et qu’ainsi je devienne Martyre de votre Amour, ô mon Dieu. » On ne peut édulcorer l’Évangile. C’est en répandant son sang que le Christ a réconcilié l’humanité avec Dieu le Père, pas par un miracle, une prière ou une bonne œuvre. La souffrance de son Fils fut le moyen choisi par Dieu pour le Salut du monde. Ce sacrifice nous fait saisir la raison profonde de la force de Thérèse dans l’agonie. Comme son Sauveur offert sur la Croix, elle voulait s’offrir avec Lui.
—