Ovide, poète de l’amour et de la religion - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Ovide, poète de l’amour et de la religion

L’auteur des Métamorphoses, dont la liberté déplut à l’empereur Auguste, aurait trouvé le vrai Dieu dans son exil en Roumanie.
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Pyrame et Thisbé, vers 1709, Jean-François de Troy, musée du Grand-Siècle, Saint-Cloud, Hauts-de-Seine.

C’est en classe de quatrième, à l’enclos Saint-François à Montpellier, que j’ai rencontré Ovide. Notre professeur, l’abbé Tédenac, nous avait fait traduire et illustrer l’épisode de Pyrame et Thisbé, préfiguration païenne de Roméo et Juliette.

Pyrame était le plus beau garçon de l’Orient et Thisbé, sa voisine, la plus belle fille. Les deux jeunes gens étaient très amoureux mais les parents étaient opposés à leur mariage. Ils parlaient par un système de sons échangés le long des circonvolutions du bois, véritables inventeurs du téléphone, et c’est par ce moyen qu’ils se donnèrent rendez-vous un soir, au bord d’une rivière, sous un arbre.

Un poème de 11 000 vers

Thisbé arrive la première mais, agressée par une lionne, lui laisse son voile taché de sang. Pyrame survient et, voyant le voile, croit que sa bien-aimée est morte à cause de lui. De désespoir, il se jette sur son épée. Thisbé, revenant, le trouve expirant et se tue à son tour. Sur le lieu poussèrent des arbres, des mûriers, symboles de l’amour malheureux.

Tout Ovide est dans ses Métamorphoses dont il fera un grand poème de 11 000 vers, véritable somme théologique du paganisme, qui nous fait comprendre que toute réalité matérielle ou végétale est une image d’une réalité plus profonde, qui la précédait.

Né en 43 av. J.-C., mort en 18 de notre ère, Publius Ovidius Naso est à la charnière de l’ancien monde et du nouveau. Avant les Métamorphoses, il a écrit ses poèmes sur l’amour humain dont la liberté de ton contrastait avec l’ordre moral que voulait rétablir l’empereur Auguste. Pour éviter d’être condamné, Ovide s’exila en Scythie mineure, dans l’actuelle Roumanie, où il mourut. On trouve dans ses Amours cette formule définitive : Tu mihi sola places – ce qui se traduit par « toi à moi seule tu plais ». Cependant, aucune traduction ne peut rendre la force du Tu mihi sola qui est la marque insurpassable de l’amour humain.

La mort des dieux antiques
Poète de l’amour et de la religion, véritable artiste du vers qu’aucun autre poète latin n’a surpassé, Ovide reste conforme à ce qu’il dit à la fin de ses Métamorphoses, quand il proclame que, lorsque tous les dieux seront morts, lui-même vivra.

La légende dit qu’Ovide aurait trouvé le vrai Dieu en Roumanie. Le romancier Vintala Horia (1915-1992) a décrit cette rencontre dans son roman Dieu est né en exil qui reçut le prix Goncourt en 1960, avant que ce prix lui fût enlevé en raison de son engagement anticommuniste. On y voit Ovide, découvrant dans son exil roumain, le Dieu véritable dont la majesté et la simplicité dépassent tous les dieux dont il a fait la description et dont il sait qu’ils sont déjà morts.

Par son chant de l’amour humain, sa vision de la nature entièrement animée par une surnature, et par sa rencontre finale, Ovide est un précurseur dont la sagesse et l’art ont nourri toute notre littérature classique, qui a trouvé dans les Amours et les Métamorphoses un répertoire inépuisable d’inspiration poétique.