Héroïsme et mémoire : « Voici vos fils qui se sont tant battus… » - France Catholique
Edit Template
Année sainte 2025 : la porte de l'espérance
Edit Template

Héroïsme et mémoire : « Voici vos fils qui se sont tant battus… »

Copier le lien

« Se battre pour sa terre, pour les siens et pour l’honneur. »

Huit décennies plus tard, en août prochain, Mike Sadler aurait dû célébrer l’anniversaire du jour où il fut parachuté au sud de Paris avec une unité britannique SAS, dans le cadre d’une mission d’appui à la résistance. Âgé de 24 ans, il pouvait déjà s’enorgueillir d’états de service stupéfiants, notamment en Afrique du Nord, où il guida plusieurs raids derrière les lignes allemandes, pour détruire l’aviation de Rommel. « En s’aidant seulement des étoiles, il a su guider 18 jeeps durant plus de 110 kilomètres dans le désert, sans carte et tous feux éteints », rappelle ainsi la nécrologie que lui a consacrée The Telegraph (04/01). Le héros n’honorera pas ce rendez-vous : il a rendu son dernier souffle le 4 janvier à l’âge de 103 ans.

Ces chênes qui s’abattent

Chacun le pressent : le très symbolique 80e anniversaire de la Libération est sans doute l’un des derniers auxquels participeront des combattants encore vivants de la Seconde Guerre mondiale. Au cours des mois derniers, plusieurs figures symboliques se sont éteintes, comme Léon Gautier, le dernier des 177 Français du Commando Kieffer, décédé le 3 juillet dernier. Ou Annette Lajon, « plus jeune résistante de France », agent de liaison pour le réseau OCM à l’âge de 11 ans, qui s’en est allée le 16 août. Ou encore Phyllis « Pippa » Latour, ultime survivante de la section « France » du Special Operation Executive (SOE), aussi humble qu’héroïque, morte le 7 octobre, dont les enfants n’apprirent que tardivement les exploits au hasard d’une navigation sur Internet, comme le raconte The Guardian (13/10). 

Valeurs actuelles

Chacune de ces disparitions suscite tristesse, admiration et gratitude, ainsi qu’un sentiment de vertige en nous renvoyant à une époque aussi proche que révolue. Que nous apprennent ces anciens qui furent prêts à offrir leur vie, en ce XXIe siècle déjà bien avancé qui ne semble proposer à la jeunesse qu’hédonisme et narcissisme en guise d’idéal ? Difficile de les imaginer songer à prendre un selfie lorsqu’ils sautaient de la carlingue de leurs Dakota, ou quand ils transmettaient clandestinement des informations à Londres, depuis un maquis perdu ou un appartement obscur…

Quatre-vingts ans plus tard, depuis leurs sépultures ou au bord de la tombe, ils nous rappellent encore et toujours une série de valeurs qui n’ont rien d’inactuelles, comme la disponibilité au sacrifice, l’amour de la patrie, le souci des siens.

Donner des racines au futur

On serait bien sûr tenté de sombrer dans le déclinisme, sur l’air du « c’était mieux avant », mais c’est un piège dans lequel il faut se garder de tomber. Si les menaces qui pèsent aujourd’hui sur notre civilisation sont d’une gravité extrême, elles ne sauraient relativiser la violence inouïe de cet âge d’acier et de sang, inauguré dans les tranchées de la Grande Guerre. Ce qui interroge, en revanche, c’est la capacité de notre temps à susciter de tels héros. Certes, un Arnaud Beltrame, un Maxime Blasco, ou même un Henri d’Anselme, nous révèlent que l’éthos et l’éducation, lorsqu’ils sont confrontés à la tragédie, peuvent toujours en faire émerger, et d’admirables. L’héroïsme d’hier comme d’aujourd’hui est incarné, enraciné, et c’est bien ce qui semble de moins en moins compréhensible aujourd’hui.

Retrouvez l’article complet dans le magazine.