Faire « trôner » le Sacré-Cœur au sein de son foyer, afin qu’il y règne, c’est ce que propose l’intronisation. Concrètement, une image – ou une statue – le représentant est placée au centre du lieu de vie, au cours d’une petite cérémonie domestique avec un prêtre. Les habitants du lieu manifestent ainsi leur consécration au divin Cœur, s’engageant à vivre de son amour et de sa volonté et à faire pénitence. « Une statue du Cœur de Jésus est située en bonne place dans notre salon. Chaque jour, nous prions devant en redisant la prière de consécration. Nous déposons toute notre vie et nos proches dans le Cœur de Jésus », témoignent Daniel et Aline Walter.
Pressant appel intérieur
Cette dévotion est née en 1907, à Paray-le-Monial, avec le Père Mateo Crawley-Boevey. Alors que ce religieux de la congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie – les picpuciens –, très malade, est en prière dans la chapelle des Apparitions, il se sent soudainement guéri et reçoit, au même instant, un pressant appel intérieur : « J’ai compris ce que Notre-Seigneur voulait de moi. Le soir même, j’ai conçu le plan de conquérir le monde pour le gagner à l’amour du Cœur de Jésus, et cela maison par maison, famille par famille. »
Pour le prêtre, les familles étant le pivot de nos sociétés, leur conversion est cruciale. « La famille est la source de la vie, la première école de l’enfant. Si la source de la vie nationale est empoisonnée, la nation périra. Ce que nous voulons, c’est inoculer dans les familles la foi et l’amour du Sacré-Cœur. Si Jésus est inoculé dans les racines, tout l’arbre sera Jésus-Christ », expliquera-t-il.
Installé comme sur un trône
Avec l’autorisation des papes Pie X puis Benoît XV, l’apôtre du Sacré-Cœur consacrera sa vie à répandre cette doctrine de l’intronisation dans le monde entier.
Lors d’une audience, en 1948, Pie XII lui déclare : « L’Intronisation répond à nos plus chers désirs. Nous souhaitons ardemment que la charité de Jésus-Christ, jaillissant de son Cœur, reprenne possession de la vie privée des hommes et de la vie publique des peuples. […] que les familles chrétiennes se consacrent au Cœur de Jésus. Mais de telle façon que, son image étant installée dans l’endroit le plus noble de la maison comme sur un trône, Jésus-Christ Notre-Seigneur règne visiblement dans les foyers catholiques. » Pour le religieux de Picpus, cette manifestation doit conduire les familles à rendre le Sacré-Cœur réellement présent par la prière, comme en témoignent Clément et Guilhemine Brac de la Perrière : « Dans notre famille, nous mettons le Sacré-Cœur à l’honneur avec une bougie que nous éclairons lors de nos temps quotidiens de prière en famille. »
Source de grâces
Mais le Père Mateo insiste également sur le lien entre l’intronisation et la messe. « L’intronisation vécue, c’est l’Eucharistie, plaide-t-il, et c’est par l’Eucharistie qu’il faut réformer la famille et la société. »
Cette dévotion ainsi vécue est source de grandes grâces. « À l’occasion d’une très lourde épreuve familiale, nous avons fait l’expérience réelle d’être portés, consolés et profondément pacifiés par le Cœur de Jésus. Cela a transformé notre vie. Désormais, il est au centre de notre vie de famille, nous nous tournons naturellement vers lui, au quotidien, en particulier dans la prière familiale. Nous nous savons guidés et consolés pour toujours et nous voulons lui rendre son amour, en faisant preuve de charité et en accomplissant des petits sacrifices », confient Paul et Laurie d’Ornano.
Afin d’amener chacun à se consacrer au Sacré-Cœur de Jésus, l’association Civilisation de l’Amour a publié l’année dernière un opuscule très pédagogique pour guider chacun dans cette démarche. Fondé sur l’enseignement de l’abbé Martin Pradère, le parcours compte huit étapes. Renseignements sur : parcourscoeurdejesus.fr
