Le Sacré-Cœur, remède à une foi désincarnée - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Le Sacré-Cœur, remède à une foi désincarnée

Moquée par les ennemis de l’Église et par les jansénistes, la dévotion du Sacré-Cœur est pourtant riche et cohérente, en plus d’être un formidable soutien pour résister à l’individualisme de notre époque.
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Les saints Ignace de Loyola et Louis de Gonzague en adoration devant le Sacré-Cœur, vers 1770, José de Páez, Mexique.

La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus a toujours fait rire les esprits forts, les rationalistes et les mangeurs de curés. On citera ici les railleries de l’abbé Grégoire dans son Histoire des sectes religieuses (1810) et de Michelet dans Le prêtre, la femme et la famille (1861).


Pour eux, le culte du Sacré-Cœur relève tout bonnement d’une dérive idolâtrique : il s’agit là d’une piété non seulement matérialiste mais encore mal renseignée puisqu’elle prend pour objet de culte une partie du corps du Christ qui, contrairement à ce que pouvaient croire les Anciens, n’est pas le siège des pensées ni des sentiments, mais une simple pompe aspirante et refoulante.


La noblesse du cœur


Dès lors, demandait l’abbé Grégoire, pourquoi cette « Dévotion du Muscle » ? Ne serait-il pas plus légitime d’adorer les pieds ou les mains du Christ ou, mieux, de vouer un culte à la partie de son cerveau où Descartes voyait le point de jonction de l’esprit avec le corps, la fameuse « glande pinéale ». Et l’abbé Grégoire de prôner, reprenant une suggestion de l’abbé Renaud, curé janséniste de Vaux, le remplacement du Sacré-Cœur par la « Sacrée Glande ». Ces sarcasmes peuvent amuser la galerie cinq minutes. Mais guère plus. Car ils passent à côté de l’essentiel, que je ferai tenir ici en trois points.


Premier point : il est absurde d’accuser les « cordicoles » d’adorer une « pompe aspirante ». S’il est vrai que le cœur n’est pas le siège de la pensée – ce que l’on savait au temps de Marguerite-Marie ! – il est très sensible aux évolutions de notre affectivité, dont témoignent les variations, les heurts et les ressauts de son rythme. Aussi le cœur apparaît-il, écrit un moine bénédictin, comme « le vrai et direct symbole de l’amour du Sauveur ». Ce que les catholiques adorent dans le cœur de chair de Jésus, ce n’est pas la chose, c’est ce qu’elle symbolise, c’est précisément l’amour divin par lequel, suivant la prophétie d’Ézéchiel, Dieu entend renouveler notre cœur : « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 26).


Idée abstraite de Dieu


Deuxième point : en plein XVIIIe siècle, sous l’éclat glacial des Lumières françaises, le culte du Sacré-Cœur vient contrebattre la tendance alors de plus en plus forte, y compris dans une partie du clergé janséniste, à se faire une idée abstraite de Dieu, une idée fade, aseptisée, réfrigérante – « l’ancien soleil au fond, comme disait Nietzsche, mais obscurci par le brouillard et le doute, l’idée devenue pâle, nordique ». À une époque où l’on commençait à concevoir Dieu comme un « Grand Horloger » ou un « Grand Architecte », il fallait une réaction…

Retrouvez l’article complet dans notre numéro spécial consacré au Sacré-Cœur.