Les outrances de trop ? Dans un article du Figaro (22/12), intitulé « Comment le 7 octobre a tué le wokisme », Eugénie Bastié esquisse avec talent l’acte du décès possible, sinon probable, de ce courant protéiforme qui s’est imposé voici dix ans avec le mouvement « Black Lives Matter ». Dans la foulée du massacre perpétré par le Hamas en Israël le 7 octobre 2023 (1 140 morts), on a assisté, explique-t-elle, « à un déchaînement paroxystique qui, par ses outrances mêmes, a sonné le glas d’un mouvement condamné à la marginalisation par sa radicalité et à l’implosion par son incohérence ».
Silence assourdissant des courants féministes sur les violences sexuelles commises par les terroristes lors de l’attaque ; indulgence suffocante des courants antiracistes sur la dimension raciste du massacre ; complaisance coupable des milieux d’extrême gauche à l’égard des tueurs… Les réactions – ou leur absence – qui ont accompagné la tragédie ont révélé le wokisme tel qu’il est : fourbe, discriminatoire et lâche.
Anastasia versus Mamon
Pourtant, ce n’est peut-être pas cette prise de conscience qui s’avérera fatale au wokisme, mais plus sûrement sa dimension économiquement peu profitable. Certes, que l’argent soit l’arme fatale face à la terreur idéologique n’a rien de moralement satisfaisant, mais on ne saurait nier l’efficacité de ce facteur. Les faits sont là : le wokisme ne fait pas vendre. Bob Iger, le patron de Disney, l’a confirmé fin novembre à l’occasion d’un colloque organisé par le New York Times : « Les créateurs ont perdu de vue ce que devait être leur objectif n° 1. Nous devons d’abord divertir. Il ne s’agit pas d’envoyer des messages », a-t-il affirmé alors que la firme accuse une sévère perte de vitesse et que le cours de ses actions a été divisé par deux en deux ans.
Les leçons de morale inclusive et les héros LGBT pourraient donc disparaître des prochains opus. Disney n’est pas la seule des entreprises américaines à expérimenter l’impact négatif du wokisme sur son chiffre d’affaires et son profit. L’enseigne de lingerie Victoria’s Secret a décidé de renoncer aux mannequins obèses, et la célèbre marque de bière Budweiser a dû se séparer de son ambassadeur (-rice ?) transgenre. Motif ? Encore et toujours la chute des ventes, rappelle aussi Eugénie Bastié.
Nostalgie et espérance
La fin du wokisme peut-elle être d’ores et déjà actée ? En la matière la prudence s’impose car le mouvement conserve des ressources et des relais importants dans les strates les plus influentes de la société, en France particulièrement. La frénésie avec laquelle on a encore éradiqué le nom même de Noël en maints endroits du pays en est l’une des manifestations les plus caricaturales.
Néanmoins, des signaux nombreux indiquent une évolution des mentalités de plus en plus perceptible, comme le succès spectaculaire du bref conte de Noël écrit et raconté sur CNews (22/12) par Philippe de Villiers avec « Douce Nuit, Sainte Nuit » en musique de fond, qui a été vu par près de 2 millions de Français à l’antenne et en ligne.
Un succès révélateur de la nostalgie et de l’espérance qui habitent toujours une fraction importante de la population, et que l’entreprise éradicatrice du wokisme n’aura pas su faire disparaître. 2024, l’année de la liberté d’opinion ?
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le reflux de la vérité
- L'itinéraire intellectuel de Gérard Leclerc
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE