Qui ne se souvient de la déclaration du pape François, lors de sa première messe publique le 14 mars 2013 dans la chapelle Sixtine ? « Si nous ne confessons pas Jésus-Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG humanitaire, mais non l’Église, Épouse du Seigneur » déclare-t-il ce jour-là. Pour qualifier cette Église-ONG, le Saint-Père avait même utilisé l’adjectif italien pietosa, que l’on peut traduire par « compatissante », mais aussi par « pitoyable ». Il est vrai que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, si l’action de nombreuses figures et organisations catholiques au service de la paix fut admirable, un discours a pu se diffuser la réduisant parfois à la seule dimension temporelle. La non-violence, le dialogue œcuménique, le partage, sont assurément de nobles horizons, à condition qu’ils ne finissent par devenir les faux-nez d’un angélisme périlleux, et qu’ils ne dénaturent ce qui devrait être leur seule et unique source : la figure du Christ, le Prince de la paix annoncé par Isaïe (9, 5).
Le Christ seul
Le Catéchisme de l’Église catholique le rappelle : « La paix terrestre est image et fruit de la paix du Christ [qui] a réconcilié avec Dieu les hommes et fait de son Église le sacrement de l’unité du genre humain et de son union avec Dieu. » Jean XXIII ne dit pas autre chose dans l’encyclique Pacem in terris (1963) : « La paix sur la terre, objet du profond désir de l’humanité de tous les temps, ne peut se fonder ni s’affermir que dans le respect absolu de l’ordre établi par Dieu. » C’est dans le Christ, et en lui seul que peut se faire l’unité, c’est-à-dire la paix véritable, définitive, inconditionnelle. Inversement, l’Église rappelle que la division, la violence, la haine, le désir de vengeance ou encore la guerre, relèvent de l’ordre du péché, car contraires au grand commandement de la charité. « La haine du prochain est un péché quand l’homme lui veut délibérément du mal. La haine du prochain est un péché grave quand on lui souhaite délibérément un tort grave », souligne encore le Catéchisme.
Connaissant ces présupposés, comment le chrétien peut-il agir ?
[…]