Crépol : entendez-vous dans nos campagnes… - France Catholique
Edit Template
Année sainte 2025 : la porte de l'espérance
Edit Template

Crépol : entendez-vous dans nos campagnes…

L’assassinat de Thomas, 16 ans, perpétré par une bande dans la nuit du 18 au 19 novembre à Crépol (Drôme), confirme un phénomène plus qu’inquiétant : la violence se répand désormais partout, toujours plus sauvage.
Copier le lien
Village de Crépol dans le nord de la Drôme

Village de Crépol dans le nord de la Drôme

© Gachepi / CC by-sa

Contrairement à la mort du jeune Nahel, le supposé « petit ange » (17 ans) pleuré par Kylian Mbappé en juin dernier, celle de Thomas (16 ans) n’a pas suscité une vague d’émeutes. Tout au plus une énième marche blanche et le rassemblement de 80 militants d’ultradroite à Romans-sur-Isère, aux abords du quartier de la Monnaie d’où viennent les meurtriers présumés. De nombreux médias n’avaient pas attendu cette manifestation, vite réprimée par la police, pour s’inquiéter d’une possible « récupération » de ce meurtre. « La récupération de l’extrême droite n’attend pas la réalité des faits », pouvait-on ainsi lire en titre d’un article de Médiapart (23/11). « C’est une tentative de récupération de plus » s’inquiétait le quotidien gratuit 20 Minutes (23/11). « L’extrême droite accusée de récupération politique », constatait RMC (22/11) sur son site Internet.

« Déni de réalité »

Alors bien sûr, au-delà de la nécessaire prise de recul, de l’indispensable reconstitution des faits, les premières informations disponibles racontent une histoire glaçante : une fête populaire dans un village qui comptait 506 habitants selon le recensement INSEE de 2020, une « bande de jeunes » venue de Romans-sur-Isère qui veut « s’incruster » et, in fine, un mort et deux blessés en urgence absolue. La salle des fêtes « ressemblait à un abattoir. Tous ceux qui rentraient blessés, on les couchait par terre, comme à la guerre, et on les soignait » a confié sur BFMTV (20/11) une femme qui était présente ce soir-là. « Il y a bien sûr ensuite une justesse de ton à trouver, des extrapolations à éviter, mais il serait inquiétant que les interpellations après le meurtre de Crépol suscitent plus d’indignation et de condamnation que le meurtre lui-même. Au danger de la récupération répond le risque du déni de la réalité », observe Guillaume Tabard dans Le Figaro (22/11).

« Tuer du blanc »

Si l’on refuse de se laisser intimider par le procès en récupération, difficile de ne pas parler d’ensauvagement, presque d’un terrorisme de basse intensité, alors que les images des tueries perpétrées par le Hamas dans le kibboutz israélien sont à l’esprit de tous. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui intervenait dans l’émission C à vous, sur France 5 (20/11), a lui-même employé le terme d’« ensauvagement » pour décrire ce déchaînement de violences. Dans son éditorial de La République des Pyrénées (22/11), intitulé « Ensauvagement et racisme antiblanc », Jean-Marcel Bouguereau rappelle que « ce qui a eu lieu cette nuit-là, c’est une attaque planifiée par des individus venus “pour tuer du blanc” », pouvait-on lire dans l’en-tête de son article, qui cite un autre témoignage glaçant…

Oukases et muselières

Le spectre d’une guerre civile ? D’une libanisation de la France ? Nombreux sont ceux qui y songent mais n’osent l’admettre explicitement, tant cette hypothèse vient battre en brèche le mythe de l’harmonie d’une société plurielle, métissée, créolisée. Et pourtant… « La France Orange mécanique est là et personne ne l’arrêtera », estime Pascal Praud dans son éditorial de CNEWS (21/11), faisant allusion au livre précurseur de Laurent Obertone, publié voici dix ans, en 2013. Combien sont-ils néanmoins, sur les ondes, à oser nommer les choses, sans doute avec excès parfois ? S’il faut refuser toute fatalité – l’histoire montre combien la France est capable de se redresser dans des situations apparemment désespérées, de Jeanne d’Arc à la Marne – l’urgence semble de reprendre la main sur les mots, de refuser les oukases et les muselières.

Une peur visqueuse ?

Dans Le Figaro (23/11), encore, c’est Eugénie Bastié qui résume avec efficacité la mécanique à l’œuvre : « Pour une certaine gauche médiatique, tout est politique […] sauf les événements liés à la délinquance et à la désintégration multiculturelle. Là, le fait divers ne doit surtout pas être interprété, généralisé, présenté comme appelant des réformes politiques. Il doit absolument être circonscrit au “cas particulier”. Sinon le couperet tombe : “récupération” ». Comment expliquer cette abdication ?

Un mot suffit à la comprendre, qui n’a hélas, rien de glorieux : la peur. Dans sa chronique de France Inter (23/11), intitulée « En toute subjectivité » – une façon pour la station du service public de donner l’impression de la pluralité, tout en tenant à bout de gaffe les signatures qui divergent de sa doxa  –, Anne Rosencher, de L’Express, le dit avec profondeur : « À chaque fois que la peur se diffuse, elle ne repart pas. Et c’est ainsi que la norme des plus belliqueux progresse. Car tous les combats culturels sont des combats normatifs. Les minorités vindicatives font l’histoire, non par la force du nombre, mais par l’intimidation qu’elles exercent sur les plus nombreux. »

Il est temps que la peur change de camp.