La scène de l’Ecce homo, que représente le peintre Antonio Ciseri dans son célèbre tableau (ci-dessus), est le sommet du procès intenté à Jésus par les représentants du pouvoir humain. Le Christ comparaît d’abord devant le grand prêtre et les membres du Sanhédrin, réuni pour juger un cas de blasphème public, passible de mort : « Cet homme s’est prétendu fils de Dieu » (Jean, 11, 47-53). Cette audition intervient juste après son arrestation – ce qui prouve que le conseil était convoqué d’avance et l’affaire programmée.
Jésus est ensuite conduit devant Ponce Pilate : le grand prêtre, Caïphe, est en effet contraint de renvoyer l’accusé devant le préfet de Judée, Rome ayant privé les autorités locales du jus gladii, le droit d’exécuter une sentence capitale. Pilate – qui gouverna la Judée de 26 à 37 – est embarrassé. Il s’estime incompétent pour traiter d’une question religieuse. « Prenez-le donc et jugez-le vous-mêmes ! » dit-il face à ce prévenu qui, selon lui, n’a rien fait de répréhensible en droit romain et ne mérite pas la mort.
Bon juriste, le Romain remet alors Jésus à Hérode – roi juif nommé par l’empereur – car l’accusé, Galiléen, relève de la justice hérodienne. Pilate croit ainsi trouver une échappatoire imparable : il espère mettre Jésus à l’abri en ce palais qui jouit de l’extraterritorialité diplomatique ; il suffirait qu’il y reste en sécurité pour qu’il soit sauvé. Mais Hérode lui renvoie de nouveau Jésus, coupable de n’avoir pas voulu faire de miracles pour l’amuser…
Les deux premières tentatives de Ponce Pilate pour sauver l’accusé ont donc échoué. En cette fin de matinée, le préfet de Judée est acculé à trancher seul dans un procès inique. Il sait que les accusations portées contre Jésus sont fausses : celui-ci ne cherche pas à soulever le peuple, ni n’incite à la révolte fiscale. Convaincu de son innocence, il cherche encore le moyen de le tirer d’affaire, usant de tous les recours juridiques, malgré une marge de manœuvre très étroite, et les risques qu’il prend s’il s’implique trop dans la défense du Nazaréen.
Lutte d’influences
La situation politique en Judée est explosive. L’émeute de la Pâque précédente, que Pilate a écrasée dans le sang, l’a prouvé. À Rome, Tibère, qui a fait sa carrière, a laissé le pouvoir à son favori, Séjan, qui cherche à consolider son pouvoir en supprimant la parenté, même éloignée, de l’empereur. Or, il est probable que l’épouse de Pilate, Claudia Procula,
soit cousine de Tibère de sorte que le couple, à la moindre maladresse, pourrait être exécuté – ce qui donne évidemment à réfléchir…
Retrouvez l’article complet dans le magazine.
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Ponce Pilate s’est-il converti ?
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu