Face au nazisme : « Les catholiques n’ont pas à rougir » - France Catholique
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Face au nazisme : « Les catholiques n’ont pas à rougir »

Dans son nouveau livre, l’historien Jean Sévillia bat en brèche les clichés associés à la position de l’Autriche face au nazisme. Le pays n’a pas à avoir honte de son comportement face à l’idéologie brune. Les catholiques furent en première ligne pour y faire obstacle.
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Adolf Hitler s’adresse à la foule après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne.

Adolf Hitler s’adresse à la foule après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne.

© Bundesarchiv – CC by-sa

En quoi votre livre vient-il remettre les idées à l’endroit concernant la position de l’Autriche face au IIIe Reich ?

Jean Sévillia : Ce livre s’inscrit dans la filiation de mon travail sur l’« historiquement correct ». Le cas de l’Autriche est un cas d’école. Sur la question de l’Anschluss, [l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, NDLR] éminemment sensible, 90 % des Français sont persuadés que les Autrichiens ont tous applaudi l’entrée d’Hitler dans Vienne en 1938, qu’ils étaient tous des citoyens fidèles du IIIe Reich, qu’ils étaient tous antisémites, etc. Bien sûr, affirmer qu’il existe une Autriche qui a dit non à Hitler, ce n’est pas ignorer qu’il y en a une qui a dit oui – on le sait trop bien, hélas ! – mais on parle toujours de celle qui a dit oui et jamais de celle qui a dit non. L’objectif de ce livre est de faire ressortir toutes les strates de la résistance, qui va de la gauche, socialiste ou communiste, à la droite, conservatrice ou catholique.

Des pôles de résistance s’établissent très tôt. Et, de manière inattendue, dans les rangs conservateurs, chrétiens, voire autoritaires…

C’est le cas du chancelier Dolfuss, en effet, qui est un conservateur patriote. À l’origine, c’est un expert des questions agricoles. Tout sauf un politicien. Il accède à la chancellerie en 1932 et il est tout de suite confronté à une très forte opposition, à la fois des nazis – il va dissoudre le parti nazi dès 1933 – et des sociaux-démocrates qui détestent tout ce qu’il représente. Face à cette opposition qui, dans le cas des nazis, recourt au terrorisme, il met en place un État autoritaire, qui s’inspire de la doctrine sociale de l’Église, du corporatisme, mais dont je récuse tout lien avec le fascisme, même si, à titre personnel, Dolfuss admirait Mussolini – comme beaucoup d’autres à l’époque, à commencer par Churchill. C’est un chrétien. Il est opposé au « tout-État ». Il pense que les enfants appartiennent d’abord aux familles et pas à l’État. Bref, ce sont des éléments de divergence profonds. Et de fait, in fine, il est assassiné par des nazis…

Jusqu’à l’Anschluss, les nazis autrichiens, qui multiplient les actions terroristes, font des catholiques l’une de leurs cibles prioritaires…

Mouvements de jeunesse chrétiens, mouvements d’éducation, écoles… Toutes ces structures sont en effet visées en raison de leur influence sur les âmes et les esprits. Après l’Anschluss, tous ces mouvements vont être dissous, interdits… Les persécutions officielles vont commencer dès l’été 1938, avec la fermeture des écoles ou les arrestations de prêtres.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.

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Cette Autriche qui a dit non à Hitler, Jean Sévillia, Perrin, 2023, 512 pages, 24 €.