Appartenir à Dieu - France Catholique
Edit Template
« Ô Marie conçue sans péché »
Edit Template

Appartenir à Dieu

Copier le lien
Le tribut à César, Bartolomeo Manfredi, 1610-1620.

Le tribut à César, Bartolomeo Manfredi, 1610-1620.

[galerie Uffizi, Florence, Italie]

« Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. » Avec cette phrase, Notre Seigneur évite le piège mis en place par les Pharisiens et les partisans d’Hérode. Mai c’est plus qu’une échappatoire astucieuse. Ses paroles ont également établi un des plus importants principes dans l’histoire de la pensée humaine : le gouvernement limité et la distinction entre l’église et l’état.

Nous Américains pourrions considérer ces choses comme acquises. Mais dans le monde antique, de telles limites et distinctions étaient inconnues. Notez que les Pharisiens et les partisans d’Hérode font bloc contre Notre Seigneur. Ce sont deux groupes qui autrement ne s’uniraient pas. Ce qu’ils partagent dans ce contexte est la conviction que le royaume et l’adoration ne doivent être qu’une seule chose. Aucune limite, aucune distinction. Jésus ne fait pas que déjouer leur but à court terme de le piéger, il les force également à repenser cet arrangement.

La première partie de la réponse de Notre Seigneur – rendez à César ce qui appartient à César – indique clairement que l’état a un rôle et une autonomie légitimes. Même les législateurs païens doivent être obéis. Personne ne peut dire : « Ce n’est pas mon empereur ! »

Les Apôtres perpétuent l’enseignement de Notre Seigneur. Saint Paul déclare « que chacun soit soumis au plus hautes autorités, car il n’y a d’autorité que venant de Dieu et celles qui existent ont été fondées par Dieu ». Saint Pierre écrit : « Soyez soumis à chaque institution humaine pour le Seigneur, que ce soit au roi comme chef suprême ou aux gouverneurs. »

De ce fait, l’Église reconnaît et respecte le rôle et l’autonomie légitimes de l’état. La grande majorité des problèmes politiques ne nécessitent pas une réponse spécifiquement catholique et sont laissés à ceux qui occupent les fonctions officielles. Le rôle de l’Église n’est pas de conduire le gouvernement mais de former les consciences et d’identifier les principes pour le discernement dans la sphère publique. Les détails doivent être laissés à ceux à qui est confié le soin du bien commun.

Mais ensuite il y a la deuxième partie de la phrase de Notre Seigneur : « Rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu. » Cela établit une limite à l’autorité de l’État. Donc il y a une ligne à partir de laquelle l’Église dit à l’État : « Jusqu’ici et pas plus loin ». Quelle est cette ligne ?

Eh bien, si ce qui porte l’image de César appartient à César, alors ce qui porte l’image de Dieu doit appartenir à Dieu. L’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, appartient à Dieu. Il ne peut pas être abandonné à l’état. Par conséquent la vérité, la dignité et les droits de la personne humaine établissent les limites – et le but – de l’autorité gouvernementale. L’Église réclame, non pas que les autorités publiques légifèrent selon la doctrine et la morale catholiques mais qu’elles gouvernent selon la vérité de la personne humaine.

Mais quand l’État outrepasse ses limites et s’arroge sur la personne une autorité qu’il n’a pas… quand il redéfinit le mariage… quand il rejette la réalité de l’homme et de la femme… quand il massacre les innocents dans le sein maternel… quand il viole la liberté de religion – alors César s’est emparé de ce qui appartient de droit à Dieu. Alors les bergers de l’Église ont le devoir de s’exprimer, de défendre les droit de Dieu et la vérité de l’homme.

Certains vont crier à l’injustice et réciter les vieux bobards : la politique n’a pas sa place en chaire, nous devrions garder la religion à l’écart de la politique, séparation de l’Église et de l’État ! Naturellement, personne ne croit vraiment ces choses. Après tout, une critique courante jetée à l’Église est que ses bergers n’ont pas parlé suffisamment contre l’esclavage, contre Hitler ou contre la ségrégation. Et personne n’excuse un tel silence en déclarant : « Eh bien, la politique n’a pas sa place en chaire. »

Bien sûr, un prêtre ne devrait pas faire un absolu de ces nombreux problèmes qui admettent un jugement prudentiel et une diversité d’opinion parmi les fidèles. Il n’y a pas de solution spécifiquement catholique concernant l’immigration, le système de santé, l’Ukraine, etc. Nous pouvons nous affronter sur ces problèmes. Nous avons seulement à le faire en enfants de Dieu, en accord avec la doctrine catholique.

Mais quand les bergers s’expriment contre l’avortement, la redéfinition du mariage ou la répression de la liberté religieuse, ils ne font pas intrusion dans la politique. Ils défendent les droits de Dieu contre des politiciens intrusifs. Le droit à la vie, la signification du mariage, la réalité mâle/femelle – de telles choses appartiennent à Dieu. Nous ne pouvons pas coopérer en les donnant à César. Quand l’Église s’exprime sur ces sujets, elle se fait simplement l’écho des paroles de son Époux divin : rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu.

« Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu. » Il y a une interprétation plus personnelle de ce verset. Vous appartenez à Dieu, pas à César. Vous appartenez à la prière, pas à la politique. Oui, vous devriez être informé et impliqué dans la politique – jusqu’à un certain point. Mais la politique n’est pas la seule chose, ni même la plus importante. Si vous investissez plus de temps dans la politique que dans la prière, si vous lisez davantage sur les élections à venir que sur le Seigneur, si vous êtes plus préoccupé des règles terrestres que des règles divines – alors vous avez donné à César ce qui appartient à Dieu. César est devenu votre dieu.

La première façon de défendre les droits de Dieu contre les atteintes de l’État est de vous assurer que vous vivez votre vie comme quelqu’un qui appartient à Dieu, que vous pensez plus à son Royaume qu’à votre propre pays, que vous passez plus de temps à contempler les vérités éternelles plutôt que scotché à ce qui passe pour des nouvelles. Quand vous placez l’adoration et le service du Dieu éternel avant toute chose, alors vous relativisez l’autorité de l’état et donnez à Dieu ce qui lui appartient.