Arménie : « L’esprit du génocide de 1915 sévit encore » - France Catholique
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Arménie : « L’esprit du génocide de 1915 sévit encore »

L’offensive de l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, contre l’enclave arménienne trahit-elle des intentions criminelles ? Entretien avec Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient.
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Des déplacés du Haut-Karabagh arrivent à Goris, en Arménie.

Des déplacés du Haut-Karabagh arrivent à Goris, en Arménie.

© Œuvre d'Orient

Au moins 100 000 Arméniens ont fui le Haut-Karabagh. Quelle est la situation en Arménie ?

Mgr Pascal Gollnisch : La situation est précaire. L’Arménie est un petit pays, pauvre, qui ne pouvait pas anticiper cette action à laquelle, paradoxalement, beaucoup d’Arméniens s’attendaient. Nous lançons un appel aux organisations internationales, aux Nations unies, au Commissariat pour les réfugiés sur le continent, à l’Union européenne, afin de mener une action d’urgence : les gens dorment dans des conditions de fortune et il faut agir au plus vite, à la fois sur le plan de la nourriture, de l’hygiène et de la scolarisation. Ce dernier point peut sembler un peu décalé, mais l’expérience dans d’autres pays du Proche-Orient, par exemple, a montré que si les enfants sont déscolarisés, les familles sont isolées. C’est pour cette raison que nous appelons à la générosité des Français. Les besoins sont extrêmement importants. Nous voulons aussi aider l’Église catholique arménienne, qui est minoritaire en Arménie, à avoir les moyens d’aider l’ensemble de la population.

Le Haut-Karabagh est-il désormais la cible d’exactions ?

Nous entendons parler de pillages et de vols dans les maisons arméniennes. Il y a aussi, semble-t-il, des débaptisations de rues arméniennes pour donner des noms turcs. La rue principale de Stepanakert, la capitale du Haut-Karabagh, porterait désormais le nom d’un des responsables du génocide arménien de 1915 ! Il convient d’identifier, de dénoncer, de mener des actions judiciaires contre les responsables de ces exactions. Les autorités de l’Azerbaïdjan sont directement responsables de ce qui se passe sur le terrain.

L’Arménie doit-elle tourner la page du Haut-Karabagh ?

Nous refusons de dire que tout est fini pour le Haut-Karabagh. Tout est fini si nous décidons que tout est fini ! Ce n’est pas parce que la population a fui que nous ne devons pas réunir les conditions de leur retour : la sécurisation du territoire, l’évacuation des forces militaires ou de police de l’Azerbaïdjan, une sécurisation internationale et une libre circulation des personnes. C’est ce qui a été fait au Kosovo, par exemple. Pourquoi peut-on avec les Kosovars, mais ne peut-on pas avec les Arméniens ? En vérité, on pourrait. Simplement, on ne le veut pas. Ce n’est pas tout à fait la même chose…

Difficile de ne pas penser au génocide arménien…

Ce qui se déroule au Haut-Karabagh s’inscrit tout à fait dans l’esprit du génocide de 1915 : on veut éradiquer les Arméniens de la région. Je rappelle qu’avant ce génocide et ses 1 500 000 morts, il y avait eu, perpétrés par les Ottomans, les massacres hamidiens, entre 1894 et 1897, qui firent 200 000 morts que tout le monde a oubliés, sans oublier le massacre de Cilicie en 1909 avec 30 000 morts. Plus largement, en Turquie, il faut rappeler les massacres des Grecs, entre 1916 et 1923, ou encore celui des assyro-chaldéens, entre 1915 et 1918…

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.