Pour vous, qui est la Vierge Marie ?
Véronique Lévy : Elle est ce cœur nouveau, ce cœur de chair promis à Ézéchiel : « J’arracherai ton cœur de pierre et j’y mettrai mon cœur de chair » (Ez 36, 26). Elle est la table de la Loi nouvelle, de l’Alliance éternelle promise au prophète Jérémie. Elle est le tabernacle de chair du Verbe éternel. Si j’aime tant Marie, c’est parce qu’elle nous enseigne que la virginité est féconde. Marie est la mère de l’Église car elle a dit oui à l’Incarnation. L’Église, pourrait-on dire, commence avec l’Incarnation du Verbe éternel dans le sein de Marie sa Mère. Il n’y a pas d’Église sans Marie. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort dit : « À Jésus par Marie ».
Quel lien établissez-vous entre Marie et l’Eucharistie ?
Marie a dit oui à l’Incarnation, mais aussi à la Croix. Le Cœur immaculé de Marie est indéfectiblement uni au Cœur de son fils. Au pied de la Croix, elle a participé étroitement à l’offrande parfaite du Fils à son Père pour le salut de l’humanité. C’est pour cela que l’on pourrait dire qu’elle est mère de l’Eucharistie.
Vous aimez tout particulièrement Lourdes. Vous y allez très souvent. Pour quelle raison ?
Durant la saison estivale, un flot de pèlerins envahit la ville. On croise aussi des vagues de personnes venues s’échouer là, par curiosité ou désespoir, qui ne savent pas prier mais chez qui j’observe une grande soif spirituelle. Avec Marie, c’est une opération à cœur ouvert ! Il y a beaucoup de guérisons intérieures. Quand cette marée humaine se retire, Lourdes ressemble à un désert, c’est le lieu du cœur à cœur avec Dieu où s’incarne plus intensément le grand combat que les catholiques ont à mener. Quand Marie dit à Bernadette Soubirous : « Je suis l’Immaculée Conception », elle suggère qu’elle a été conçue sans le péché originel bien sûr, mais au-delà, elle indique que Dieu a choisi de s’incarner en elle, pour y plonger toute l’humanité : consacrant le lieu de la conception, inviolable, et faisant de la dignité de chaque être humain, baptisé ou pas, un tout irréductible.
Or, aujourd’hui, Satan veut défigurer l’humanité en spoliant la femme de sa maternité. Nous y sommes, avec l’affichage d’un homme « enceint » à la une d’un hebdomadaire britannique. En France, le planning familial a également promu ce type de « gestation » ! Un combat prioritaire doit être mené contre la déconstruction des genres, le transhumanisme, la fabrication de chimères homme-animal, la course à l’utérus artificiel. Sans cesse, désormais, le temple de la conception est profané. Les sorciers de la technoscience créent des embryons artificiels, sans père ni mère. Les marchands du temple de nos corps commercialisent la procréation alors que par essence, elle est icône vive de ce qui ne s’achète pas : l’amour de l’homme et de la femme.
Enfin, que dire de l’OMS qui va jusqu’à préconiser des avortements jusqu’à terme… ! Au lieu de protéger la vie, on l’arrache ! L’Occident a sombré dans la barbarie depuis qu’il a renié le principe selon lequel « les derniers seront les premiers ». Satan s’attaque à la féminité, car il n’oublie pas la promesse de Dieu, scellée avec Ève, après la chute : la Femme avec un grand « F », Marie, est celle qui écrasera la tête du serpent. J’invite donc toujours à retourner à la source, à Lourdes, au sein de la grotte, pour ne pas se laisser défigurer, ni déshumaniser.
Avec quelle arme combattre face aux attaques qui touchent la famille, la maternité, l’Église ?
La Vierge Marie nous a donné le Rosaire ! C’est la prière du pauvre, du petit, de l’enfant, mais c’est une arme atomique contre Satan. C’est l’arme des désarmés qui n’ont rien d’autre qu’un chapelet à réciter en s’accrochant aux grains comme on s’accroche au sein de sa mère. Le Rosaire c’est le cordon ombilical qui nous relie à la Parole de Dieu, et son unique Parole, Marie l’a portée, bercée, adorée.
Songeons aux mystères que nous sommes appelés à méditer : la Salutation de l’ange,
la Visitation, la Nativité de Jésus…
Priez-vous le Rosaire ?
Pas toujours régulièrement, je le confesse. Je ne prie pas Marie, je la regarde. Il m’arrive de lui dire avec une émotion très enfantine : « Maman, je t’aime. » Je vénère ce qu’elle incarne : la Femme éternelle. Sa seule arme est l’amour car son cœur est tout donné à Dieu. Par Marie, on peut recevoir les rayons de la Grâce de Dieu. Elle se donne, et en s’offrant, elle nous donne Dieu. Elle est la sentinelle de l’invisible, la gardienne de la vie. Sous sa protection nous ne risquons rien. Mais le bonheur qu’elle nous promet, comme elle l’a confié à sainte Bernadette, n’est pas de ce monde. En février 2020 j’ai fait un songe. J’étais dans une église sans mur, une église baignée d’une lumière blanche et or, et quand j’ai levé les yeux, j’ai découvert que le toit était le voile de Marie. Pour les tribulations à venir, pour l’Église des derniers temps, il faut se placer sous le voile de Marie Immaculée.