Dans Le Figaro du 22 juin, Jean-Marie Guénois lançait un véritable cri d’alarme : « L’Église de France franchit un nouveau cap dans la chute des ordinations sacerdotales. » Les prêtres ordonnés étaient une centaine par an entre 2000 et 2010, environ 80 la décennie suivante. Mais seulement 52 en 2023 ! Il s’agit de prêtres diocésains. Il faut prendre en compte aussi les ordres religieux et les communautés nouvelles ou traditionalistes pour obtenir une baisse d’environ un quart par rapport à l’année précédente (voir le détail p. 6). Et si l’on se fie aux rentrées récentes dans les séminaires, on est contraint de prolonger une courbe descendante dont on ne perçoit pas la fin. Comment ne pas réagir de toutes les façons possibles devant une telle réalité d’évidence accablante ?
Des âmes ardentes
Mais avant même de réagir, il importe de saluer ces 88 nouveaux prêtres, librement et courageusement engagés dans cette aventure extraordinaire du sacerdoce, enracinée dans les siècles. Depuis que saint Pierre et saint Paul, les apôtres et tous leurs successeurs sont partis sur les routes du monde, leur exemple magnifique est le signe qu’au milieu des pires difficultés, il existe des âmes ardentes, participantes du sacerdoce éternel du Christ. Par ailleurs, à l’échelle de l’Église universelle, on ne saurait oublier qu’il n’y a jamais eu autant de prêtres dans l’histoire sur tous les continents. Ce que l’on appelle, depuis longtemps en France, la crise des vocations, ne se sépare pas d’un phénomène de déchristianisation aux causes complexes que les historiens et les sociologues peinent à identifier.
Le cardinal Lustiger avait révélé devant tout son presbyterium les chiffres d’ordinations après la Révolution française. À eux seuls, ils annonçaient l’extinction prochaine du christianisme en France. Pourtant, le XIXe siècle s’inscrit comme un extraordinaire renouveau spirituel, avec des ordres religieux partis annoncer l’Évangile en Afrique et en Asie. On ne saurait donc trop anticiper sur l’avenir, notamment dans l’ordre spirituel, où souvent l’inattendu se produit. Mais pour cette période qui est la nôtre, certaines constatations s’imposent qui vont toutes au déni, voire au dénigrement du sacerdoce.
Dénigrement du sacerdoce
N’est-ce pas une véritable haine qui se déploie à l’égard de l’Église institution, dont certains annoncent, avec délectation, qu’elle va vers « l’implosion ». La dénonciation du cléricalisme est d’autant plus ravageuse qu’elle vise un clergé fragilisé et indistinctement accusé d’être responsable de ce qu’on appelle les abus. Derrière le qualificatif faussement savant de « systémique » se déploie une offensive idéologique qui permet à certains groupes d’imposer leur agenda. Son analyse aboutit de fait à la révélation d’un nouveau cléricalisme dont les leaders seraient détachés de tout engagement sacramentel. À l’implosion, nous préférons le renouveau spirituel qui, de siècle en siècle, a produit des éclosions de sainteté et des générations de baptisés.
Pour aller plus loin :
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Dénoncer les abus sectaires dans la vie consacrée et passer l’épreuve en union au Christ Epoux
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- OBSERVATION : SCIENCE ET MIRACLE