«Un monastère ne se reconstruit pas avec des antiennes ! » Il fallait un homme énergique pour reconstruire la Grande Chartreuse détruite par une avalanche huit ans auparavant et y amener l’eau par un gigantesque aqueduc. C’est Anthelme qui va s’y employer avec discrétion et efficacité.
Né près de Chambéry au début du XIIe siècle, prévôt de l’Église de Genève, ce jeune prêtre rend régulièrement visite à son frère et à un de ses cousins qui sont chartreux. Au désespoir de l’évêque de Belley dont il est secrétaire, il décide de se retirer à la chartreuse de Portes-en-Bugey. La Grande Chartreuse apprend son entrée dans cette succursale et saisit qu’elle a tout intérêt à le faire venir en Dauphiné.
Effectivement, Anthelme, chargé du temporel et de la reconstruction, se montre remarquable. Deux ans après, il est élu prieur. Il restaure les bâtiments, revivifie l’observance, réorganise l’ordre, crée des monastères de chartreusines. Le rayonnement est immédiat. Le comte de Nevers et son père lui-même entrent dans l’ordre de saint Bruno. Anthelme devient l’ami de saint Bernard.
Les mérites d’Anthelme attirent l’attention. Le pape Alexandre III en fait l’évêque de Belley et vient lui-même l’ordonner à Bourges. Le nouveau prélat montre autant d’ardeur qu’en son monastère : la discipline est restaurée, les pauvres sont soutenus, les clercs rappelés à l’ordre quand le célibat ecclésiastique n’est pas respecté. L’empereur Frédéric Barberousse, par la « Bulle d’or », lui donne le titre de « Prince d’Empire », ce qui ouvre un conflit l’opposant au comte Hubert de Maurienne qui, pourtant, viendra reconnaître son erreur près du lit de mort d’Anthelme.
Devant l’opposition, Anthelme renonce à sa charge et retourne à la Grande Chartreuse. Le pape, sur l’insistance des chrétiens de Belley, lui ordonne de « rentrer dans sa cathédrale ». Après quinze ans d’épiscopat, ce septuagénaire meurt à la Grande Chartreuse le 26 juin 1178. La tradition rapporte qu’au moment de sa mise au tombeau, trois lampes brillèrent soudain dans l’église.
Étymologie du nom
Du germanique and « à travers, extrémité » et helm « heaume, casque ».
Pensée spirituelle de Guigues II, prieur de la Grande Chartreuse :
« La prière est l’élévation du cœur vers Dieu pour éloigner le mal et obtenir le bien. »
Courte prière de Guigues II
« Ô Dieu, donnez des arrhes sur l’héritage promis, au moins une goutte de céleste rosée pour étancher ma soif, car je brûle d’amour, Seigneur. »
