En Arménie, avec les résistants de la montagne - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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En Arménie, avec les résistants de la montagne

Coincés entre les Turcs et les Azéris musulmans, les chrétiens arméniens tiennent, avec la mémoire de la foi et des souffrances de leurs aînés.
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Contrôle sur la route.

Contrôle sur la route.

© Frédéric Pons

Atteindre Yevghvard – 270 habitants –, dernier village arménien avant l’Azerbaïdjan, se mérite. Des lacets interminables escaladent les petites routes parfois défoncées. On croit avancer vers « le bout du monde ». Le paysage est sublime mais la ligne de front est toute proche. Le monde chrétien s’arrête au-delà de ces collines boisées. Après, c’est l’Azerbaïdjan, la mer Caspienne, l’Asie centrale, « les cousins des Turcs ».

Le Syunik est la partie la plus étroite de l’Arménie. Cette région austère et magnifique subit chaque jour la pression de l’Azerbaïdjan. Mais c’est une terre de résistance, accrochée à ses villages et à ses églises. « Nous sommes le peuple de la montagne », proclament ses habitants. Leur foi et les souffrances de leurs aînés nourrissent leur détermination face aux « Turcs ». C’est ainsi que les Arméniens désignent les habitants de la Turquie et de l’Azerbaïdjan.

Yevghvard incarne l’esprit de liberté des chrétiens du Syunik, fidèles de l’Église apostolique arménienne. Les hommes sont taiseux, le regard sombre. Les femmes sont solides, à l’image d’Arousiak, la maire, tailleur-pantalon noir, une femme pleine d’autorité. Son fils Artur nous accompagne. Il désigne une ligne d’arbres, à 300 mètres : « La frontière passe en bas. En face, ce sont les cantons qu’on avait pris aux Turcs en 1993. On les a perdus en 2020. » Les Azerbaïdjanais sont à portée de fusil. Yevghvard se retrouve donc sur la ligne de front. Chaque habitant est une sentinelle dans ce face-à-face immémoriel. « Personne n’a voulu partir, par patriotisme, dit fièrement Arousiak. Certains sont revenus. C’est ça, le peuple de la montagne. »

Autour du village, les champs sont cultivés mais l’élevage a cessé. « On a perdu nos pâturages, pris par les Turcs, comme la rivière. » Dans cette région où l’eau est un enjeu stratégique, Yevghvard est un château d’eau au-dessus de la grande plaine agricole aux mains des Azerbaïdjanais. « Maintenant, on va garder l’eau pour nous, me dit Artur, et mieux l’utiliser pour l’empêcher de couler vers la plaine. Les Turcs n’auront plus une goutte d’eau de nos montagnes. » L’irrigation servira aux serres, aux mûriers. Elle n’ira plus bonifier les champs de l’ennemi.

Rassemblé autour de son église

L’école de Yevghvard compte quarante enfants. C’est un signe de confiance dans ce village rassemblé autour de son église, dédiée à la Sainte-Mère de Dieu.

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