Le 19 juin 1623. Louis XIII règne sur la France. À deux pas de la cathédrale de Clermont, un hôtel particulier résonne des vagissements d’un nouveau-né que vient de mettre au monde Antoinette Pascal, née Bégon, épouse d’Étienne Pascal, second président à la cour des aides de Montferrand. La famille est de vieille extraction auvergnate. Le nourrisson est prénommé Blaise. Huit jours plus tard, il est baptisé en l’église Saint-Pierre.
Sombre enfance
L’enfance de Blaise a quelque chose d’inquiétant. Sa nièce et filleule Marguerite Périer rapportera qu’il se mit à ne plus supporter ni la vue de l’eau, ni celle de ses parents. Phénomène qui fut attribué à un sort que lui aurait jeté une mendiante à qui madame Pascal faisait la charité. « Il fallut le transférer sur un chat noir qui mourut, et appliquer à l’enfant un cataplasme de neuf feuilles de trois herbes cueillies avant le lever du soleil par un enfant de moins de sept ans », racontera l’un de ses biographes, Jacques Chevalier (1882-1962). Au-delà de ce sortilège, ces premières années sont surtout marquées par la mort de sa mère en 1626. Son père prend alors la charge de son éducation.
Haut potentiel
En 1631, Étienne Pascal gagne Paris pour permettre à Blaise de bénéficier de la meilleure éducation. Formé au grec, au latin, à la grammaire, l’enfant révèle d’époustouflantes dispositions pour les sciences. À l’âge de 11 ans, il rédige un traité des sons. Presque seul, il se forme à la géométrie et compose à 16 ans un Essai pour les coniques. Trois ans plus tard, pour aider son père, devenu commissaire délégué du roi à Rouen, qui doit se livrer à des calculs fiscaux complexes, il conçoit une machine arithmétique, ancêtre de la calculatrice, surnommée « pascaline » et est à l’origine de nombreuses découvertes scientifiques (voir encadré). Tant d’énergie déployée mine la santé de Blaise Pascal : il est épuisé, accablé de maux de tête et de douleurs abdominales et doit souvent s’aliter.
Jusqu’en 1646, les préoccupations religieuses ne semblent pas premières dans l’effervescence des idées qui animent Pascal. Cette année-là, il rencontre deux médecins venus soigner son père, blessé à la suite d’une glissade. Disciples de l’abbé de Saint-Cyran, qui a introduit le jansénisme en France, ils lui ouvrent des perspectives nouvelles. On parle, à propos de cet épisode, de sa « première conversion ». Le jeune homme se met à dévorer des ouvrages spirituels et communique si bien son enthousiasme à l’une de ses sœurs, Jacqueline, que celle-ci veut entrer dans les ordres. Il n’en délaisse pas pour autant ses travaux et se lance dans la fameuse « querelle du vide » qui mobilise les plus grands esprits de son temps comme Galilée, Torricelli, Roberval, Descartes ou Gassendi.
Nuit obscure et nuit de feu
En 1651, Pascal est très affecté par la mort de son père. Jacqueline, qui avait repoussé son projet religieux du vivant de leur père, décide d’entrer à l’abbaye de Port-Royal. Pour son frère, c’est un déchirement. Il finit par céder et assiste le 26 mai 1652 à sa vêture. Cette séparation semble l’éloigner de Dieu pour un temps. Pascal devient mondain, sans être superficiel, et continue de travailler sur les problèmes scientifiques les plus variés. « Mais rien d’humain ne [peut] satisfaire cette âme éprise d’infini. Il éprouve, avec un grand mépris et dégoût du monde, le vide de son cœur, les angoisses et les bienfaits de la souffrance, et [le] besoin de Dieu », écrit Jacques Chevalier.
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