Un manifeste chrétien - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Un manifeste chrétien

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© Karl Egger / Pixabay

Face à la dérive violente de l’écologie radicale, comme Les Soulèvements de la Terre, les élus locaux seraient bien inspirés de suivre l’exemple de Draguignan, dans le Var…

Pour faire face à la sécheresse et au manque d’eau dans le Sud, la paroisse du Père Dieudonné Massoma, tel le prophète Élie, a en effet eu la bonne idée de remettre à l’honneur ce 7 mai une vénérable tradition hélas tombée en désuétude : les Rogations. Et d’y associer les édiles du cru, qui n’ont pas boudé la protection du Ciel.

D’autant que cette bénédiction des récoltes peut se targuer d’être née en France, patrie de paysans comme l’a chanté Péguy, avant de s’exporter à Rome. Elle remonte au Ve siècle dans le Dauphiné, quand l’évêque saint Mamert, effrayé par les calamités qui s’abattent sur son diocèse, instaure une procession de trois jours avant l’Ascension.

Dimension essentielle de la foi

Aujourd’hui, la tradition populaire n’en retient plus que l’avertissement climatique lié aux « saints de glace » – saint Mamert, saint Pancrace, et saint Servais – qui font craindre aux agriculteurs des gelées tardives. Mais en réalité, l’usage des Rogations comporte un double volet de prière et de pénitence, afin d’obtenir la clémence du Ciel.

Si la dimension folklorique continue de faire sourire les sceptiques, les Rogations réhabilitent l’air de rien une dimension essentielle de la foi : la confiance en la toute-puissance de Dieu. Celle-ci est pourtant omniprésente dans la liturgie catholique, dans le Credo – « Je crois en Dieu le Père tout-puissant » –, le Gloria, le Sanctus, etc. Mais cette notion a eu tendance à s’estomper ces derniers temps, au profit de l’humilité d’un Dieu qui s’incarne et se fait tout-petit, pour nous montrer son amour. Et c’est dommage, car en amputant Dieu de sa grandeur, on condamne l’homme moderne à l’errance et au désespoir face aux épreuves. Ou on le précipite vers d’autres croyances comme l’islam, qui exalte cette toute-puissance divine, mais à l’inverse, sans la proximité et la douceur de l’Incarnation.

Prières de supplication, d’où leur nom qui vient de rogare – demander –, les Rogations supposent également l’humilité – la nôtre ! – de ne pas compter sur nos propres forces, en l’occurrence le caractère « scientifique » de la météo ou, en aval, sur l’État-providence et les assurances, pour échapper aux calamités climatiques !

Autrement dit, de s’en remettre à la bienveillance de la Providence divine. Et ce n’est pas pour autant du quiétisme, autre nom du fatalisme ou de la mollesse : « Je vous ai créés sans vous, mais je ne vous sauverai pas sans vous », faisait dire à Dieu sainte Catherine de Sienne. Encore faut-il avoir l’audace de demander…

Cela explique aussi pourquoi la Vierge Marie, en 1846, reprocha aux paysans de La Salette de travailler le dimanche, par manque de confiance en Dieu, et les exhorta à s’amender sous peine de voir leurs récoltes se gâter et se tarir.

Face à l’orgueil et à la prétention de l’homme moderne de tout maîtriser, que l’on retrouve dans le transhumanisme et l’intelligence artificielle, les Rogations sont ainsi un acte de résistance et un manifeste chrétien. Et cela paie : à Perpignan, le 18 mars, une procession obtint une pluie abondante : l’équivalent de trois semaines d’eau, en seulement trois heures !